Plantation de cacaoyers au Ghana. Cacaoyers plantés sous des arbres d’ombre.
Photo: © Wilma Blaser / ETH Zurich

Une ombre optimale pour le cacaoyer

Le chocolat est de plus en plus apprécié et, par conséquent, la demande de cacao ne cesse d’augmenter. Pour que la production puisse faire face à la demande, il faut que les pratiques agricoles deviennent plus durables. Des chercheurs suisses ont cherché à savoir quels arbres d’ombre peuvent contribuer à résoudre ce problème.

La consommation de chocolat augmente partout dans le monde, alors que les cacaoculteurs, pour la plupart de petits exploitants agricoles, doivent faire face au vieillissement de leurs plantations, à la diminution de la fertilité du sol et à l’accroissement du nombre de parasites et de maladies.

Des chercheurs du groupe « agro-écosystèmes durables » de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich), Suisse, cherchent à résoudre ces problèmes. « Notre objectif est d’élaborer des systèmes agricoles durables qui maintiennent, voire, idéalement, augmentent la production agricole dans le long terme, » explique Johan Six, responsable du groupe. Les services écosystémiques assurent, entre autres, le maintien de la biodiversité de la flore et de la faune et la séquestration, dans le sol et la biomasse, du carbone présent dans l’atmosphère, ce qui devrait contribuer à atténuer le changement climatique.

Les systèmes agroforestiers sont porteurs de promesses pour la durabilité de la culture du cacaoyer. 

Traditionnellement, le cacaoyer était cultivé à l’ombre d’autres arbres, mais ce système a progressivement été remplacé par des monocultures à plus fort rendement. Aujourd’hui, certaines tentatives visent à revenir à la culture du cacaoyer sous le couvert de grands arbres. En effet, on pense que l’ombre pourrait protéger le cacaoyer de l’excès de soleil, réguler la température et l’humidité, offrir un habitat à certains animaux et végétaux, et enrayer la prolifération d’organismes néfastes.

Par ailleurs, les arbres à ombre pourraient préserver la fertilité du sol et absorber le carbone présent dans l’atmosphère. Toutefois, ils peuvent également absorber une partie de la lumière et des nutriments utiles au cacaoyer et par conséquent réduire son rendement.

Des travaux cherchant à savoir si les avantages des arbres à ombre sont supérieurs à leur coût ont rarement été entrepris à ce jour.

« Nous avons voulu savoir si les arbres à ombre peuvent effectivement tenir toutes leurs promesses et comment nous pourrions optimiser les systèmes agroforestiers à base de cacaoyers, » explique Wilma Blaser, stagiaire postdoctorale dans le groupe de Johan Six. Dans le cadre d’une étude sur le terrain, le groupe a ainsi comparé la culture du cacaoyer sous couvert et sans couvert végétal au Ghana, Afrique de l’Ouest, second producteur mondial de cacao.

Les chercheurs ont constaté que sous un couvert végétal assuré par environ 30 pour cent d’arbres d’ombre, ces derniers ont un effet essentiellement positif sur les cacaoyers comparativement aux zones sans couvert végétal. Ce pourcentage d’ombre est idéal pour contenir les parasites et les maladies tout en maintenant une humidité maximale du sol. L’effet de refroidissement de la température, le nombre d’espèces animales et végétales dans le champ et la séquestration du carbone ont tous augmenté parallèlement à l’accroissement de l’ombre. Jusqu’à environ 30 pour cent d’ombre, le rendement des cacaoyers n’est pas compromis.

Toutefois, au-delà de ce pourcentage d’ombre, le rendement diminue car, en raison de leur plus grand nombre, les arbres rivalisent plus intensément avec les cacaoyers pour la lumière, l’eau et/ou les nutriments. Il y a une promesse que les arbres à ombre ne semblent pas en mesure de tenir : la quantité de nutriments dans le sol n’augmente pas automatiquement lorsque le nombre d’arbres augmente.

Autres potentialités d’optimisation des systèmes agroforestiers.

« Grâce aux recherches que nous avons effectuées sur les arbres à ombre, nous avons formulé des recommandations spécifiques sur le degré optimal d’ombre dans les plantations de cacaoyers, » ont fait remarquer les chercheurs. L’étude a même montré que les cacaoyers pouvaient tolérer plus d’ombre qu’on le pensait initialement, sans que cela ait un grave impact négatif sur la récolte.

Il n’en reste pas moins que pour augmenter les rendements des cacaoyers dans les systèmes agroforestiers des mesures de culture sont nécessaires. « L’application ciblée d’engrais, la lutte en temps opportun contre les parasites, la taille régulière ou le désherbage peuvent potentiellement augmenter les rendements des cacaoyers, même sous un couvert d’ombre plus important, » déclare Wilma Blaser.

(ETH/wi)

Référence

Blaser WJ, Oppong J, Hart SP, Landolt J, Yeboah E, Six J. Climate-smart sustainable agriculture in low-to-intermediate shade agroforests (agriculture durable climato-compatible dans les systèmes agroforestiers sous couvert d’ombre faible à moyen). Nature Sustainability, volume 1, pages 234–239 (2018). doi: 10.1038/s41893-018-0062-8

 

Commentaires sur les nouvelles

Ajoutez un commentaire

×

Le nom est requis!

Indiquez un nom valide

Une adresse e-mail valide est requise!

Indiquez une adresse email valide

Un commentaire est requis!

Google Captcha est obligatoire!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont obligatoires.

Soyez le premier à faire un commentaire