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Une étude suit l’évolution du puits de carbone forestier mondial sur trois décennies
Une équipe internationale et multidisciplinaire de chercheurs a publié une nouvelle étude révolutionnaire qui suit, sur trois décennies, l’évolution du puits de carbone forestier mondial, soit l’équivalent de pratiquement la moitié des émissions mondiales des combustibles fossiles.
Dirigée par le service des forêts des États-Unis, l’étude cherchait à savoir si les solutions mises en œuvre pour améliorer la séquestration du carbone sur terre (restauration des forêts dégradées, plantation de nouvelles forêts, etc.) permettaient d’atteindre l’impact souhaité sur le puits de carbone mondial.
Les scientifiques ont collecté des informations en analysant plusieurs décennies de données émises par la communauté forestière mondiale et les ont combinées avec des estimations de la superficie forestière provenant de la télédétection et d’autres types de relevés topographiques.
Principales constatations :
- La quantité totale de carbone stockée dans les forêts de la planète est restée stable dans les années 1990 et 2000, mais a légèrement baissé dans les années 2010.
- Les puits de carbone des forêts tempérées (Australie, Chine, Europe centrale, Europe du Sud, partie continentale des États-Unis, etc.) et des forêts de repousse tropicales ont augmenté.
- Les puits de carbone des forêts boréales (Canada, Europe du Nord, Russie, etc.) et des forêts tropicales intactes ont diminué.
- Globalement, le puits de carbone terrestre mondial a augmenté en raison d’un accroissement du puits de carbone terrestre non forestier et des impacts du boisement et de la reforestation à grande échelle.
- Pourtant, deux tiers des bénéfices de cette augmentation du puits de carbone terrestre ont été neutralisés rien que par la déforestation tropicale.
Mettre fin aux émissions résultant de la déforestation et de la dégradation !
Les coauteurs en concluent que « l’action la plus importante à mener pour préserver et accroître le puits de carbone forestier est de mettre fin aux émissions résultant de la déforestation et de la dégradation, tout en protégeant les vastes stocks de carbone qui se sont accumulés au fil des siècles, particulièrement dans les sols forestiers boréaux ».
Ils estiment que les mesures nécessaires pour y parvenir comprennent, entre autres, une coopération internationale efficace ; des incitations financières, législatives et autres, particulièrement dans les pays tropicaux ; des chaînes d’approvisionnement sans déforestation et une exploitation sélective et bien gérée du bois.
« Bien que le carbone stocké dans les sols ne soit pas inclus, ce décompte mondial montre combien il est important de préserver les aires protégées et de restaurer les terres dégradées, particulièrement dans les régions tropicales. De futures études devront inclure le carbone des sols humides, notamment des tourbières et des mangroves, qui possèdent une capacité de stockage trois à cinq fois supérieure à celle des forêts terrestres », explique Daniel Murdiyarso, directeur de recherche au Centre de recherche forestière internationale et Centre international pour la recherche en agroforesterie (CIFOR-ICRAF) et coauteur de l’étude.
« Les produits ligneux récoltés doivent également être étroitement surveillés, à la lumière de la contribution de l’industrie du bois à la dynamique mondiale du carbone » ajoute M. Murdiyarso, qui fait référence à la constatation de l’étude selon laquelle les produits ligneux récoltés ont augmenté de 10 pour cent sur les trois décennies étudiées, ce qui indique qu’une quantité accrue de bois est prélevée dans les forêts.
Ces résultats envoient un message clair : il est important de faire preuve de prudence et de ne pas considérer les capacités forestières de séquestration du carbone comme acquises. « Bien que le puits forestier mondial n’ait pas diminué au cours des trois décennies étudiées (malgré des variations régionales), il pourrait aisément être affaibli par le vieillissement des forêts, la déforestation continue et une intensification des régimes de perturbation », concluent les coauteurs.
(CIFOR-ICRAF/wi)
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