Des collaborateurs du projet pulvérisent l’insecticide biologique Bti sur de l’eau stagnante dans laquelle les moustiques se reproduisent.

Des collaborateurs du projet pulvérisent l’insecticide biologique Bti sur de l’eau stagnante dans laquelle les moustiques se reproduisent.
Photo: © Centre hospitalier universitaire de Heidelberg, Dr Peter Dambach, Institut de santé publique

Un insecticide larvicide biologique anti-moustique contribue à lutter contre le paludisme.

Des chercheurs de l’Institut de santé publique du Centre hospitalier universitaire de Heidelberg, en Allemagne, transfèrent avec succès, au Burkina Faso, une nouvelle méthode de lutte contre les moustiques utilisée dans la région du Rhin supérieur, en Allemagne.

Une méthode de lutte contre les moustiques testée avec succès dans la région du Rhin supérieur, dans le sud de l’Allemagne, peut contribuer à endiguer le paludisme, maladie tropicale transmise par le moustique, en Afrique. Telle est la conclusion du projet de réduction écologique du paludisme en Afrique (Ecologic Malaria Reduction for Africa – EMIRA) réalisé à l’Institut de santé publique du Centre hospitalier universitaire de Heidelberg. La Fondation Manfred Lautenschläger a financé le projet EMIRA au Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest, à hauteur d’environ 450 000 euros. Depuis 2013, les chercheurs, en collaboration avec la KABS (Kommunale Aktionsgemeinschaft zur Bekämpfung der Schnakenplage e.V.), une association allemande locale de lutte contre le fléau des moustiques, à Spire, et le ministère de la Santé du Burkina Faso, utilisent un agent biologique dans le nord-ouest du pays. Ce produit détruit les larves contenues dans les eaux de reproduction et empêche la prolifération du moustique vecteur du paludisme.

Lutte contre la larve du moustique dans les eaux de reproduction – réduction du danger que représente le paludisme

« Le transfert au Burkina Faso d’un moyen de lutte contre le paludisme mis au point dans la région du Rhin supérieur a été une réussite exceptionnelle, » a déclaré le directeur du projet, le professeur Rainer Sauerborn de l’Institut de santé publique du Centre hospitalier universitaire de Heidelberg, lors de la présentation du projet le 18 octobre. « Dans les villages, le nombre de moustiques a diminué considérablement. »

Le larvicide à base de Bti, une protéine de la bactérie du sol « Bacillus thuringiensis israelensis », est utilisé avec succès dans la région du Rhin supérieur depuis plus de 30 ans. L’agent est facile à manipuler – ce qui est important pour son utilisation en Afrique. Le larvicide se présente sous la forme de poudre qu’on dissout dans de l’eau et qu’on pulvérise dans les eaux de reproduction près des rives. La méthode est simple, son action est fiable (elle se limite à la larve du moustique) et elle est sans danger pour l’homme, le monde animal et le monde végétal, » souligne le professeur Norbert Becker, directeur scientifique à la KABS, à Spire.

Les chercheurs ont fait un décompte du nombre de moustiques dans les villages. Ils ont pour cela utilisé des pièges lumineux, des appareils qui attirent les insectes dans une zone relativement restreinte et les attrapent dans un cylindre à mailles. « Les moustiques sont comptés dans le laboratoire et les espèces, ainsi que le genre, sont déterminée, » explique M. Sauerborn. Seule, l’espèce Anopheles, et seulement les femelles, transmettent le paludisme.  « Le nombre d’anophèles femelles est un bon indicateur du risque de transmission. Lorsqu’il y en a moins, le risque d’infection diminue. »

Réduction des coûts grâce à un traitement ciblé et économique

Comme un traitement au niveau du pays de toutes les nappes d’eau stagnante et tous les bassins des régions rurales serait trop coûteux pour les pays très pauvres d’Afrique de l’Ouest, les chercheurs ont essayé une nouvelle application sélective. En collaboration avec des spécialistes de la télédétection du Centre national français d’études spatiales (CNES), une équipe de l’Institut de santé publique a mis au point une technique faisant appel à des images satellite pour identifier les sites de reproduction privilégiés par les moustiques. Les moustiques qui transmettent le paludisme ont leurs préférences en fonction de la végétation des rives, de la localisation et de la profondeur du plan d’eau. À partir de ces cartes de risques, les eaux ont été sélectivement traitées avec le larvicide biologique. « L’utilisation sélective du larvicide constitue une nouvelle approche de la lutte contre le paludisme, » a expliqué M. Sauerborn. Dans le département pilote, les chercheurs montrent comment la technique lutte efficacement contre les moustiques vecteurs du paludisme.

« À moins d’un dollar par habitant, coût abordable, même pour des pays tels que le Burkina Faso, le traitement est relativement peu coûteux, » a fait remarqué Markus Lautenschläger, directeur de la Fondation Manfred Lautenschläger. « Avec ce projet, nous espérons disposer d’une arme supplémentaire dans la lutte contre le paludisme. »

(idw/wi)

Bibliographie :Dambach, P., Traoré, I., Kaiser, A., Sié, A., Sauerborn, R., Becker, N. 2016. Challenges of implementing a large scale larviciding campaign against malaria in rural Burkina Faso - Lessons learned and recommendations derived from the EMIRA project. BMC Public Health

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