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Perte des bénéfices potentiels d'améliorations végétales en Afrique subsaharienne
De nombreux pays africains sont confrontés aux partisans et aux détracteurs des cultures génétiquement modifiées (GM). Selon l’étude publiée dans la revue PLOS One à la fin de juillet, cela entraîne un retard dans l’adoption de cette technologie, notamment lorsque les détracteurs utilisent la stratégie consistant à « annoncer des incertitudes » peu avant que des décisions soient prises en ce qui les concerne.
Les coûts du retard en termes de malnutrition
Justus Wesseler, co-auteur de l’étude et professeur en économie agricole à l’université de Wageningen, Pays-Bas, déclare sur le réseau SciDev.Net que les retards réglementaires concernant les cultures transgéniques ont une incidence négative sur la production alimentaire des pays africains, cette incidence entraînant des problèmes de malnutrition se traduisant indirectement par des frais de santé élevés.
Selon l’étude, l’adoption de la technologie GM pour des cultures telles que la banane et le maïs pourrait contribuer à sauver des vies dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Justus Wesseler explique que « le coût des retards d’approbation du maïs Bt [génétiquement modifié] au Kenya, de la banane résistant à la cercosporiose noire en Ouganda, du niébé résistant à la pyrale du maïs au Bénin, au Niger et au Nigeria, se traduit par la perte de bénéfices pour les producteurs et les consommateurs en termes d’économie, mais aussi par des coûts de santé indirects dus à un renoncement à une alimentation suffisante, ces coûts ayant une incidence sur le nombre de vies qui pourraient être sauvées. »
L’équipe de chercheurs d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Amérique du Sud et des États-Unis a utilisé les données d’études antérieures pour estimer l’excédent annuel moyen des consommateurs et des producteurs – une mesure des avantages économiques – et l’incidence négative de la malnutrition.
Par exemple, selon l’étude, un retard d’un an dans l’approbation du niébé résistant au foreur de gousses au Nigeria pourrait coûter de 33 à 46 millions d’USD, et de 100 à 3 000 vies.
Justus Wesseler explique que « les calculs ont tenu compte du fait que l’adoption de la technologie prendra du temps et que tous les agriculteurs n’adopteront pas les nouvelles récoltes ». « Le changement au niveau de la malnutrition a été calculé en utilisant le pourcentage d’accroissement des rendements et en supposant un accroissement similaire du pourcentage de la consommation chez les enfants des zones rurales. »
Il déclare qu’une fois adoptées par les gouvernements, les cultures transgéniques résistant aux parasites et aux maladies pourraient améliorer les variétés locales.
Justus Wesseler ajoute que « les résultats montrent qu’il est extrêmement coûteux de retarder l’approbation des cultures ayant fait l’objet de notre étude et que ce retard est particulièrement néfaste aux enfants vivant dans les zones rurales. » Il ajoute que « l’approbation des cultures concernées peut être un moyen très peu coûteux d’accroître les revenus des ménages agricoles et de créer une croissance économique tout en réduisant la malnutrition. »
Le débat controversé sur les cultures GM subsiste
Pour Daniel Otaye, maître de conférences et président du département des sciences biologiques à l’université d’Egerton, Kenya, l’adoption de cultures transgéniques pourrait mettre fin aux pénuries alimentaires dans la plupart des pays africains et par conséquent diminuer le coût de la vie. Il ajoute que « ce sont là de bonnes solutions qui, si elles sont adoptées, contribueront à éliminer la pauvreté. »
Daniel Otaye fait remarquer qu’il est nécessaire « de mieux faire connaître l’importance des cultures GM et, pour les décideurs africains, de se montrer plus souples dans leur processus d’adoption. »
Toutefois, les cultures transgéniques restent controversées. On s’inquiète de ce qu’elles peuvent avoir des impacts à long terme sur l’environnement, encourager les monocultures qui réduisent la biodiversité, et rendre les agriculteurs dépendants d’un approvisionnement des semences contrôlé par de grands groupes.
Selon Peter Mokaya, directeur général de l’Organic Consumers Alliance basée au Kenya, l’Afrique n’a pas besoin de cultures GM car elles entraînent une détérioration du sol et, indirectement, des carences nutritionnelles.
Peter Mokaya ajoute qu’il y a bien assez de ressources alimentaires pour nourrir plus de 10 milliards de personnes sur notre planète et ce, en utilisant d’autres moyens compatibles avec les objectifs de développement durable.
« Ce dont les responsables des orientations politiques ont besoin, c’est d’être correctement informés que les OGM ne sont pas nécessaires pour nourrir les Africains, » déclare-t-il.
(SciDevNet;Africa/wi)
Voir le texte complet de l’étude :
Foregone benefits of important food crop improvements in Sub-Saharan Africa
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