La restauration des forêts naturelles ne peut compenser la perte des forêts primaires
Photo: ©FAO/Karen Minasyan

Malgré l'engagement mondial : L'état des forêts empire

Les pertes forestières atteignent des sommets malgré l'engagement de réduire de moitié la déforestation à l’horizon 2020, selon une évaluation des progrès réalisés dans la protection et la restauration des forêts à l’échelle de la planète. La déforestation s'est accélérée depuis l'adoption de la Déclaration de New York sur les forêts.

Cinq ans après la Déclaration de New York sur les forêts (NYDF), promesse de portée historique visant à réduire de moitié le taux de perte naturelle des forêts et à restaurer des millions d'hectares de terres d'ici 2020, l'état des forêts à l’échelle mondiale s'est considérablement détérioré, selon l'évaluation quinquennale des progrès réalisés dans la protection et la restauration des forêts mondiales publiée en septembre 2019 par les partenaires d’évaluation NYDF.

Les résultats montrent que depuis que des centaines de gouvernements et d'entreprises ont approuvé la NYDF au Sommet des Nations Unies sur le climat de 2014, le taux annuel de perte de couverture forestière a augmenté de 43 pour cent, atteignant plus de 26 millions d'hectares par an – soit une superficie équivalente à celle du Royaume-Uni. Les forêts tropicales ont été les plus touchées, représentant plus de 90 pour cent de la déforestation mondiale entre 2001 et 2015.

Selon les dispositions de la NYDF et du Défi de Bonn (Bonn Challenge) 2011, les pays se sont engagés à restaurer au total 150 millions d'hectares de terres d'ici 2020 et à en restaurer au moins 200 millions d'autres d'ici 2030 - une approche de plus en plus considérée par les scientifiques et les décideurs comme une solution climatique éprouvée, rentable et immédiatement disponible. 

Mais le rapport a constaté que seule une partie infime de cette restauration a été effectuée - 27 millions d'hectares de forêts (augmentation du nombre d’arbres et de la couverture forestière) au cours des deux dernières décennies. Cela équivaut à peu près à la superficie de forêt perdue chaque année et représente 18 pour cent de la superficie que les pays se sont engagés à restaurer d'ici la fin de l'année prochaine.

Lenteur des progrès dans la régénération des forêts naturelles

Bien que moins de 20 pour cent des objectifs globaux de la promesse de contribution en matière de restauration aient été atteints, un petit nombre de pays ayant ratifié la NYDF, dont le Salvador, l'Ethiopie et le Mexique, ont fait des progrès dans la plantation d'arbres. Un nombre considérable d’arbres ont été plantés dans les fermes et les pâturages, fournissant revenus, nourriture et protection contre les conditions climatiques extrêmes, mais les efforts pour régénérer les zones forestières naturelles, qui offrent beaucoup plus de carbone ainsi que des avantages pour la biodiversité, n'ont connu que des progrès limités.  

Et même la restauration des forêts naturelles ne peut compenser la perte des forêts primaires, soulignent les auteurs. Il faut parfois des décennies, voire des siècles, pour que les forêts retrouvent leur pleine capacité d'absorption du carbone et de régulation du climat. Les forêts doivent être restaurées, en plus d'être protégées. 

Selon le rapport, les pays où les pertes forestières ont été les plus importantes au cours des cinq dernières années comprennent quatre pays du bassin amazonien : le Brésil, la Bolivie, la Colombie et le Pérou. Il y a également de nouveaux points chauds inquiétants de perte forestière croissante en Afrique de l'Ouest et dans le bassin du Congo. La République démocratique du Congo a plus que doublé sa déforestation au cours des cinq dernières années. En Asie, la plus grande partie des forêts est perdue en Indonésie, en Malaisie et au Cambodge. Toutefois, le rapport montre qu'il y a eu des tendances positives dans la région, par exemple en Indonésie.

Le défrichement agricole est la principale cause de la déforestation

Depuis que la NYDF a été approuvée, le principal moteur de la déforestation a été le défrichement agricole, y compris la production à grande échelle de produits agricoles tels que la viande de bœuf, le soja et l'huile de palme. L'incapacité des entreprises qui produisent des produits représentant un risque pour les forêts de respecter leurs engagements d'éliminer la déforestation de leurs chaînes d'approvisionnement contribue à la crise forestière.  

Une autre partie du problème réside dans le peu d’améliorations au niveau de la gouvernance forestière, notamment le renforcement des lois de protection des forêts, leur application dans les pays producteurs et l'adoption d'une réglementation axée sur la demande dans les pays consommateurs.

La NYDF a été approuvée pour la première fois lors du Sommet des Nations Unies sur le climat en 2014 en tant que déclaration internationale volontaire et non contraignante d'action en matière de pertes forestières dans le monde. Aujourd'hui, elle compte plus de 200 signataires, dont des gouvernements nationaux comme la Colombie, l'Allemagne, la Norvège, le Pérou, le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique, et des gouvernements infranationaux comme Acre, Amapá et Amazonas, au Brésil. De grandes entreprises sont également signataires, notamment McDonalds, Johnson & Johnson, Walmart et Unilever. Plus de 60 organisations non gouvernementales et plus de 20 groupes représentant des communautés autochtones ont apporté leur soutien.

(Climate Focus/ile)

De plus amples informations sur le site Web de la NYDF (en anglais): forestdeclaration.org
 

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