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L’utilisation excessive des eaux souterraines menace l’approvisionnement alimentaire
Une équipe internationale de chercheurs de l’University College of London (Royaume-Uni), de l’institut de recherche Senckenberg, Francfort/Main (Allemagne), de l’université de Klagenfurt (Autriche), de la NASA et de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (Autriche) met en garde contre l’appauvrissement des réserves d’eaux souterraines.
Riz pakistanais, blé égyptien et coton américain, l’origine de ces produits agricoles peut en témoigner, les Allemands sont d’heureux consommateurs internationaux. Comme l’expliquent les spécialistes dans l’étude publiée en avril dans la revue « Nature », dans les régions arides et semi-arides où l’eau est disponible en quantité limitée, c’est l’irrigation à partir des eaux souterraines qui comble la différence. Et c’est bien là que réside le problème. « La quantité d’eau souterraine non renouvelable utilisée pour cela – eau à peine remplacée ou pas remplacée du tout par les pluies ou l’infiltration des eaux superficielles – a augmenté de 22 pour cent à l’échelle mondiale entre 2000 et 2010. 11 pour cent de ce surcroît d’utilisation des eaux souterraines sont à mettre au compte de la culture sous irrigation de denrées alimentaires commercialisées à l’échelle internationale, » explique le Dr Thomas Kastner, Centre de recherche sur le climat et la biodiversité de l’institut de Senckenberg et université de Klagenfurt, co-auteur de la nouvelle étude.
Le principal pays exportateur de produits agricoles cultivés avec de l’eau souterraine non renouvelable est le Pakistan (29 % des eaux souterraines non renouvelables utilisées à l’échelle mondiale pour cultiver des produits agricoles commercialisés), devant les États-Unis (27 %) et l’Inde (12 %). En ce qui concerne les importations, la Chine vient en tête (9 %) du tableau de la consommation d’eau souterraine non renouvelable utilisée à l’échelle mondiale pour cultiver des produits agricoles commercialisés, devant les États-Unis et l’Iran. Pour l’Allemagne, la proportion est de 2,5 pour cent, soit bien plus que sa part de la population mondiale.
Les exportateurs de produits agricoles dont la culture nécessite des quantités excessives d’eau souterraine peuvent y gagner à court terme, mais à long terme, les experts préviennent que cette forme d’agriculture ne peut pas être durable. Même pour les pays importateurs tels que l’Allemagne, la tendance présente des risques. « Bien qu’on ne manque pas d’eau en Allemagne, nous importons des denrées alimentaires qui ont été cultivées avec un recours excessif aux eaux souterraines. À long terme, les réserves menacent de s’épuiser ou on risque une forte montée des prix, » prévient le Dr Kastner.
En tête de la liste des produits commercialisés à l’échelle internationale et ayant consommé le plus d’eau souterraine non renouvelable se trouve le riz (29%), suivi d’assez loin par le blé (12 %) et le coton (11 %), le maïs (4 %) et le soja (3 %). Dans les régions arides, la culture fait souvent appel à des systèmes d’irrigation traditionnels à aspersion. Ces derniers font l’objet de critiques pour la raison qu’ils utilisent de 20 à 50 fois le volume d’eau souterraine pouvant être renouvelé.
La Dre Carole Dalin, de l’University College, est l’auteure principale de l’étude et elle est inquiète : « Il est extrêmement important de savoir où et comment les produits ont été cultivés car des produits alimentaires de base tels que le pain et le riz peuvent avoir des effets néfastes sur les réserves d’eau mondiales. Si les consommateurs et les producteurs n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des stratégies d’optimisation de l’utilisation durable des eaux souterraines, l’approvisionnement alimentaire et les prix des aliments constitueront des risques pour la population mondiale. Dans le cadre du changement climatique, de nombreuses régions connaîtront également des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. Il ne faut pas épuiser les réserves d’eau souterraine pour compenser ce phénomène. »
Publication:
Dalin, C., Wada, Y. Kastner, Th. and Puma, M.J. (2017): Groundwater depletion embedded in international food trade. Nature. Doi: 10.1038/nature21403
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