L’épidémie de maladie à virus Ebola a eu de graves conséquences sur les moyens de subsistance en milieu rural.<br/> Photo: © Terry Sunderland/CIFOR (flickr)

L’épidémie de maladie à virus Ebola a eu de graves conséquences sur les moyens de subsistance en milieu rural.
Photo: © Terry Sunderland/CIFOR (flickr)

Lien entre l’épidémie de maladie à virus Ebola et la déforestation

Des chercheurs ont établi la preuve tangible d’un lien entre le lieu des épidémies de maladie à virus Ebola et la déforestation. Les données recueillies pourraient donner lieu à l’élaboration d’un système d’alerte précoce. La plupart des épidémies de maladies à virus Ebola ont lieu dans des communautés rurales éloignées disposant de peu de moyens pour lutter contre la maladie.

L’annonce d’une épidémie de maladie à virus Ebola (MVE) suscite la peur, non seulement en Afrique, dont elle est originaire, mais partout dans le monde. Chez l’homme, ce virus entraîne l’apparition de symptômes graves tels que le saignement des yeux, du nez et de la bouche, la perte de conscience, des convulsions et éventuellement, la mort. En l’absence de traitement, les gouvernements doivent s’en remettre à des stratégies de prévention et de lutte visant à empêcher de nouvelles épidémies.
 
Toutefois, dans une étude récente, des chercheurs du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), de l’université espagnole de Malaga et d’autres institutions partenaires ont découvert une pièce indispensable du puzzle Ebola — où et quand les épidémies peuvent se déclarer. 

Tout est question de temps

« Le virus Ebola étant transmis aux humains par des animaux sauvages, nous nous sommes particulièrement intéressés au lien entre le virus et la consommation de gibier sauvage, » a déclaré le professeur John E. Fa, associé principal du CIFOR et professeur à l’université métropolitaine de Manchester, Royaume-Uni.
 
« Cela nous a conduits à nous poser une autre question : sur le terrain, quelles sont les conditions propices au développement du virus et à l’infection des êtres humains ? » a ajouté John E. Fa.
 
Les chercheurs — praticiens, écologistes paysagistes et modélisateurs, ces derniers sous la conduite du Dr. Jesus Olivero de la Faculté de sciences de Malaga, Espagne – ont uni leurs forces pour étudier les pratiques de déforestation dans les régions où des épidémies de maladie à virus Ebola avaient été enregistrées, comparativement à d’autres sites où la maladie ne s’était pas déclarée.
 
« La comparaison est remarquable. Dans les régions où l’épidémie s’est déclarée, ce n’est pas seulement une question de déforestation ; c’est aussi une question de plus grande fragmentation forestière, » déclare Jesus Olivero.
 
Les chercheurs font remarquer que la fragmentation de vastes blocs forestiers en blocs de moindre importance peut favoriser les contacts entre les humains et les potentiels porteurs naturels du virus, et par conséquent accroître le risque d’épidémie.
 
L’existence d’un lien éventuel entre pertes de forêt et zoonoses avait certes déjà été suggérée, mais les résultats des présents travaux fournissent une preuve évidente d’une corrélation entre les lieux de déclaration de l’épidémie de maladie à virus Ebola et la déforestation. La nouvelle étude a fait une avancée certaine lorsque l’équipe a constaté une tendance chronologique entre le moment de la déforestation et le début des épidémies. « Nous avons constaté que les épidémies de MVE tendaient à se déclarer dans des zones ayant connu des pertes de forêt jusqu’à deux ans auparavant, » déclare Jesus Olivero.

Avoir une longueur d’avance

Selon les chercheurs, les résultats de l’étude pourraient conduire à la mise au point d’un système d’alerte précoce qui permettrait aux gouvernements des régions à risque de partir avec une longueur d’avance dans la mise en œuvre des interventions. C’est là un élément clé dans la mesure où les épidémies de MVE se déclarent dans des communautés rurales éloignées disposant de peu de ressources. 
 
« Dès lors que ces zones sensibles potentielles sont connues, nous pouvons établir une carte indiquant les lieux où une épidémie a des chances de se déclarer et mobiliser des personnes et des ressources pour surveiller les communautés locales, » déclare John E. Fa.

Mieux vaut prévenir…

La nouvelle étude donne clairement à penser que la préservation des zones forestières doit être une des grandes priorités des nations du monde entier. « Les forêts tropicales regorgent d’espèces de toutes sortes, y compris d’espèces pathogènes, ce qui veut dire qu’à cette grande diversité d’animaux porteurs correspond une grande diversité de parasites, virus, etc., » fait remarquer John E. Fa. « Nous estimons que dès qu’on commence à modifier un écosystème, une kyrielle de virus risque de partir à la recherche de nouveaux porteurs, » ajoute-t-il.
 
Selon John E. Fa, il reste beaucoup à faire pour bien comprendre comment les épidémies de MVE se déclarent et comment le virus est transmis. L’équipe cherche actuellement à savoir comment les épidémies peuvent être influencées par le climat et comment des animaux potentiellement porteurs du virus Ebola, les chauves-souris, par exemple, peuvent être liés à la déforestation.
 
Selon lui, « il est maintenant indispensable d’aller sur le terrain pour comprendre ce qui déclenche les épidémies de MVE et pour approfondir les recherches dans différents types de forêts connaissant différents niveaux de déforestation. Nous avons besoin de savoir ce qui se passe pour les espèces animales et pour le virus dans ces zones. »
 
(cifornews/wi)
 
Pour en savoir plus :
 
Cette étude fait partie intégrante du programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l‘agroforesterie.

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