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L'expansion des terres agricoles met en péril le climat et la biodiversité
D'ici 2030, les surfaces cultivées à l'échelle mondiale devraient croître de 3,6 pour cent, entraînant une augmentation de 2 pour cent de la production agricole. Cette projection émane de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Une équipe de recherche interdisciplinaire, dirigée par Florian Zabel et Ruth Delzeit du département des sciences de l'environnement de l'Université de Bâle en Suisse, a étudié les régions du monde les plus vulnérables à l'expansion future de l'agriculture. Les résultats de cette étude ont été publiés en août dans la revue Nature Sustainability.
Un accroissement de la production augmente les gaz à effet de serre
Les chercheurs ont mis au point un modèle d'utilisation des terres capable d'identifier les régions les plus rentables à l'échelle mondiale pour l'expansion future de l'agriculture. Ce modèle intègre à la fois des critères socio-économiques et agro-écologiques. En évaluant l'impact économique et écologique des changements d'affectation des sols dans ces zones, l'étude révèle que la majeure partie des nouvelles terres agricoles devrait se développer principalement dans les régions tropicales, où un potentiel significatif de hausse de la production agricole subsiste malgré les effets du changement climatique.
Cependant, comme les terres agricoles stockent bien moins de carbone que la végétation naturelle, l'étude projette que les changements d'affectation des sols pourraient générer environ 17 gigatonnes de CO2 à long terme, soit près de la moitié des émissions mondiales annuelles actuelles. En outre, dans les zones affectées par ces changements d'affectation des sols, la biodiversité diminuerait également de 26 pour cent. « L'expansion des terres agricoles représente donc une évolution préoccupante, en particulier pour la protection du climat mondial et les efforts de préservation de la biodiversité », déclare Florian Zabel, co-responsable de la recherche.
La conservation est aussi une question de bon sens économique
En tenant compte des récents efforts politiques visant à protéger la nature, les forêts et la biodiversité à l'échelle mondiale, les chercheurs ont également évalué l'impact de divers scénarios de politiques de conservation. Leur analyse a révélé que ces mesures peuvent entraîner des effets secondaires inattendus. Par exemple, interdire l'expansion des terres agricoles dans les forêts, les zones humides et les zones protégées existantes pourrait déplacer cette expansion principalement vers les prairies. Or, cela pourrait nuire à la biodiversité de ces zones, qui est souvent plus riche que celle d'autres types de terres.
Par ailleurs, maintenir les efforts de conservation peut également s'avérer économiquement judicieux. « Contrairement aux attentes, la préservation des forêts, des zones humides et des zones protégées existantes a un impact minimal sur le produit intérieur brut des régions concernées. La réduction de la production agricole mondiale est marginale, tandis que les émissions de gaz à effet de serre liées à l'expansion sont considérablement diminuées », explique Julia Schneider, auteure principale de l'étude et chercheuse à l’université Ludwig-Maximilian de Munich (Allemagne). Cette conclusion est particulièrement significative pour la sécurité alimentaire mondiale, car elle montre qu'il est possible de concilier la production agricole avec la protection de l'environnement.
Améliorer la planification des zones protégées
L'étude offre une contribution précieuse pour identifier les zones qui méritent une protection prioritaire. Lors de la Convention de Kunming et Montréal sur la biodiversité, la communauté internationale s'est engagée à protéger 30 pour cent de la surface terrestre mondiale d'ici 2030.
L'étude actuelle cible les régions qui seront particulièrement vulnérables à l'avenir et met en lumière les effets potentiels de l'expansion agricole sur l'économie et l'environnement. « Cela permet de planifier les zones protégées de manière à maximiser leur impact, en intégrant un éventail d'objectifs, tels que la protection du climat et de la biodiversité, tout en prenant en compte les intérêts économiques », explique Florian Zabel.
(Université de Bâle/wi)
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