Les intempéries de la fin octobre sur la côte est de l’Espagne ont coûté la vie à des centaines de personnes.
Photo: © Shutterstock/Fernando Astasio

Les urgences liées à l’eau se multiplient à travers le monde

Face aux changements que connaît actuellement le cycle mondial de l’eau, et qui s’accélèrent, les politiques nationales et internationales en matière d’eau doivent s’adapter et apporter une réponse rapide et globale. Tel est le message central du rapport Water in a heated World (« L’Eau dans un monde qui se réchauffe ») publié par le Conseil consultatif scientifique sur le changement climatique (WBGU) du gouvernement fédéral allemand.

Les conséquences du changement climatique, la surexploitation des ressources en eau, leur inégale répartition, la disparition de services écosystémiques et les risques sanitaires associés à tous ces facteurs conduisent de plus en plus souvent à des situations d’urgence liées à l’eau. « Nous anticipons une survenue de plus en plus fréquente de ces situations régionales d’urgence liée à l’eau, de sorte que nous pouvons maintenant parler de schéma global. Il y a là, à nos yeux, une menace qui revêt une dimension mondiale », a averti Jörg Drewes, du Conseil consultatif scientifique sur le changement climatique (WBGU), lors de la présentation du rapport Water in a heated World (« L’Eau dans un monde qui se réchauffe ») au gouvernement fédéral allemand à la mi-octobre.

Les cas les plus extrêmes donnent lieu à des situations dépassant les limites du contrôlable et susceptibles d’entraîner une déstabilisation des systèmes politiques, sociaux et écologiques. Les mesures d’atténuation du changement climatique, la protection des écosystèmes et une gestion de l’eau résiliente au climat et socialement équilibrée sont les principales actions à mettre en place pour prévenir les situations d’urgence liées à l’eau.

Priorité accrue à l’eau dans l’agenda politique international
 

« Une initiative internationale de cartographie des ressources en eau est nécessaire pour identifier les crises potentielles à un stade précoce et prévenir les crises régionales liées à l’eau qui revêtent une dimension planétaire », a souligné Sabine Schlacke, co-présidente du WBGU. Cette initiative devrait avoir pour objectif d’anticiper les évolutions critiques, de partager les solutions efficaces et d’améliorer le transfert à la sphère politique des résultats de la recherche sur la gestion des urgences et des situations à risque liées à l’eau.

Les futures conférences des Nations unies sur l’eau, en 2026 et 2028, pourront offrir l’occasion de négocier une Stratégie internationale de l’eau reconnaissant la protection des ressources en eau comme une préoccupation commune à toute l’humanité, et renforçant et établissant des passerelles entre les processus et les conventions existantes.

Outre les eaux « bleues » (les cours d’eau, lacs, bassins, nappes phréatiques etc.), cette stratégie devrait également accorder une importance accrue aux eaux dites « vertes » (c’est-à-dire l’eau infiltrée dans le sol et permettant aux végétaux de croître), qui se verraient également prises en compte à l’échelle mondiale dans la mise en œuvre d’une gestion de l’eau résiliente au changement climatique, comme le souligne le WBGU dans son rapport.

La stratégie internationale devrait par ailleurs être intégrée dans les relations économiques et commerciales entre gouvernements, afin de garantir une exploitation optimale des synergies entre la protection des ressources en eau, l’établissement de bases solides pour un développement climatiquement neutre et le renforcement de la sécurité alimentaire.

Pour parvenir à cela, il est capital de mettre en œuvre les objectifs des trois conventions de Rio sur les changements climatiques, la diversité biologique et la lutte contre la désertification. De manière générale, la question de l’eau doit occuper une place plus importante dans l’agenda international.

Mettre en place une gestion de l’eau résiliente au changement climatique
 

Il est absolument décisif, au niveau local et régional, de mettre en place un système de gestion de l’eau résilient au climat et socialement équilibré dont les infrastructures et les procédures peuvent s’adapter aux changements croissants qui affectent l’équilibre hydrique. Selon les membres du WBGU, les structures autonomes qui fonctionnent efficacement, p. ex. les associations d’usagers de l’eau, doivent être renforcées et bénéficier d’un soutien.

La préservation de la qualité de l’eau requiert l’application systématique d’une approche « zéro pollution », ainsi qu’une économie circulaire de l’eau efficace intégrant les écosystèmes et incluant une gestion active des eaux vertes présentes sous forme d’humidité dans les sols. « Toutefois, rien de tout cela ne pourra réussir si les mesures nécessaires ne bénéficient pas d’un financement à long terme garanti de façon crédible et provenant à la fois de sources publiques et privées », a indiqué la co-présidente du WBGU Karen Pittel.

Donner plus de moyens à la science
 

La science a un rôle clé à jouer dans la gestion des défis liés à l’eau, qui s’aggravent. Le changement climatique modifie de plus en plus les régimes pluviométriques, les volumes de ruissellement, ainsi que l’ampleur et la fréquence des épisodes de crues et des sécheresses prolongées accompagnées de vagues de chaleur extrêmes, ce qui amoindrit la fiabilité des prévisions concernant la disponibilité de l’eau sur lesquelles pourraient s’appuyer les processus de planification.

Des données plus précises sur la disponibilité des ressources et les besoins en eau sont nécessaires pour mieux prendre en compte tous ces changements. Le seul moyen de les obtenir consiste à mener une campagne de numérisation fournissant des données en temps réel et proposant des scénarios sur les évolutions futures des équilibres hydriques locaux auxquelles il faut s’attendre à long terme. C’est ici que la science peut être mise à contribution, pour collecter et évaluer les données en permanence, et pour livrer des connaissances importantes pour la planification et orientées sur les solutions, concluent les membres du WBGU dans leur rapport.

(WBGU/IDOS/wi)

Lien vers le rapport phare du WBGU : Water in a Heated World (« L’eau dans un monde qui se réchauffe » – en anglais) 

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  • user
    Pasa Muteba November 15, 2024 A 4:47 pm
    Nous sommes en face d'un grand défi en matière d'eau, à cause du réchauffement climatique, qui cause à son tour la dégradation des systèmes d'eau douce.
    Comme si cela ne concerne que l'eau de boisson, il ya dans nos milieux la pénurie quant aux travaux agricoles... faute aussi des nouvelles technologies qui soient appropriées pour ne proposer par exemple un système d'irrigation, les agriculteurs, fermiers et éleveurs sont à leur tour butes à un grand défi pour faire face à leurs activités de l'agro-pastoral.
    Quelles mesures peuvent être envisagées par nos gouvernements et ONG,au niveau tant local qu'international afin de bouter dehors la fin et la crise alimentaire dont nous faisons face ?