Les scientifiques ne garantissent rien en cas de dépassement d’une augmentation de 1,5°C
Même s’il est possible d’inverser l’augmentation des températures après un « dépassement » temporaire de 1,5 degré Celsius (°C), certains effets climatiques néfastes constatés aux niveaux supérieurs du réchauffement, notamment l’élévation du niveau de la mer, seront irréversibles. Tels sont les résultats d’une étude internationale cosignée par l’Institut de recherche Mercator, Berlin, Allemagne. C’est ce que montre une étude réalisée par 30 chercheurs et dont l’Institut berlinois de recherche sur le climat MCC (Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change) est co-auteur. C’est l’aboutissement d’un projet de trois ans et demi financé par le Fonds européen pour l’innovation HORIZON 2020 et qui examine des scénarios de dépassement selon lesquels les températures dépassent temporairement la limite de 1,5°C fixée par l’Accord de Paris, avant de redescendre sous l’effet d’émissions négatives nettes de CO2. Cette étude a été publiée en octobre dans la revue bien connue Nature.
« Ce document réfute l’idée selon laquelle un dépassement donnerait lieu à un résultat climatique similaire dans un avenir dans lequel on aurait fait plus, plus tôt, pour garantir un réchauffement maximal de 1,5°C, » a déclaré Carl-Friedrich Schleussner, chef de groupe à l’Institut de recherche IIASA, à Laxenburg, près de Vienne, conseiller scientifique à l’Institut Climate Analytics de Berlin, et auteur principal de l’étude. « Ce n’est qu’en en faisant beaucoup plus au cours de cette décennie pour réduire les émissions et maintenir les températures maximales aussi basses que possible que nous pourrons efficacement limiter les dégâts. »
« Si nous devions dépasser 1,5°C, il y aurait des avantages évidents à inverser le réchauffement en agissant de manière à obtenir des émissions nettes négatives à l’échelle mondiale. En réduisant les températures à long terme, on pourrait, en 2030, réduire d’environ 40 centimètres la montée du niveau de la mer comparativement à une situation dans laquelle les températures cesseraient simplement d’augmenter, » a ajouté Carl-Friedrich Schleussner.
Une réduction rapide des émissions est indispensable
« L’analyse montre qu’en plus de réductions ambitieuses des émissions, il faut de plus en plus accroître l’absorption du CO2 de l’atmosphère pour éviter tout dépassement, » déclare Sabine Fuss, co-présidente du MCC et co-auteure de l’étude. « Compte tenu du potentiel de durabilité actuellement limité, cela nous confronte au problème majeur d’amélioration des méthodes d’extraction. Et nous devons vraiment minimiser nos émissions résiduelles afin de ne pas gaspiller les maigres moyens d’extraction dont nous disposons. »
L’étude montre que s’il existe encore des moyens de limiter le réchauffement à 1,5°C, voire moins, à long terme, il n’en faut pas moins se protéger contre des réchauffements plus élevés au cas où le système climatique se réchaufferait au-delà des estimations moyennes. Une « capacité préventive » de plusieurs centaines de gigatonnes d’extraction nette pourrait être nécessaire. « Tant que nous n’aurons pas atteint zéro émission nette, le réchauffement se poursuivra, » note Joeri Rogelj, co-auteur et professeur de science et de politique climatiques à l’Imperial College de Londres. « Plus tôt nous pourrons atteindre le niveau de zéro émission nette, plus le réchauffement maximal sera faible et moins les risques d’impacts irréversibles seront élevés. Cela montre à quel point il est important que les pays présentent de nouveaux engagements ambitieux de réduction des émissions bien avant la date du sommet sur le climat, l’année prochaine, au Brésil. »
(MCC/wi)
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