Mesures dans une exploitation de cacaoyers.
Photo: © Université de Göttingen

Le cacaoyer cultivé sous couvert moins résistant à la sécheresse que le cacaoyer en plein soleil

Des chercheurs de l’université de Göttingen demandent à revoir les différentes options de production du cacao en Afrique occidentale. Des découvertes récentes montrent que le cacaoyer cultivé en monoculture résiste plus à la sécheresse que le cacaoyer cultivé dans des systèmes d’agroforesterie.

Une nouvelle étude basée sur des mesures détaillées effectuées sur le terrain en Afrique occidentale montre que le cacaoyer cultivé en agroforesterie résiste moins à la sécheresse qu’on le pensait. Le puissant épisode El Niño de 2015/2016, qui a donné lieu à des vents chauds atteignant jusqu’à 44˚Celsius de température et à un grave manque de précipitations, a pratiquement éradiqué les plantations de cacaoyers des systèmes d’agroforesterie.

Pour les chercheurs, ce constat incite à revoir les options d’adaptation climatique dans la plus importante région de production du cacao du monde.

L’étude a été dirigée par le doctorant Issaka Abdulai, de la division de modélisation de la division de modélisation des systèmes de production de plantes tropicales et d’agriculture (TROPAGS), de l’université de Göttingen, Allemagne. Elle a été publiée dans la revue scientifique Global Change Biology.

Les pays d’Afrique occidentale gravement menacés par la sécheresse

Plus de 70 pour cent de la production mondiale de cacao vient d’Afrique occidentale, région connue pour sa vulnérabilité au changement climatique et exposée à des situations agro-climatiques extrêmes plus fréquentes ces dernières années. Les épisodes El Niño affectent la région et ont occasionnellement entraîné de graves et longues périodes de sécheresse à l’origine d’une réduction considérable des rendements de cacao qui sont très sensibles aux déficits en eau. En Afrique occidentale et ailleurs, les systèmes d’agroforesterie cacaoyère ont souvent été présentés comme la panacée de l’agriculture durable, d’une manière générale et compte tenu de leur modification du microclimat considérée comme une stratégie d’adaptation aux risques climatiques dominants.

Issaka Abdulai a évalué la résistance du cacaoyer à la sécheresse dans des conditions d’agroforesterie et de plein ensoleillement. Il a réalisé des expériences en faisant appel à des techniques sophistiquées de mesure du flux de sève, du microclimat et de l’eau dans le sol. Pour lui, « l’étude montre qu’en situation d’extrême sécheresse, « le cacaoyer cultivé en plein soleil semble mieux résister au changement climatique que le cacaoyer cultivé sous couvert ». Il a constaté qu’en agroforesterie, pendant les périodes d’extrême sécheresse, la concurrence pour l’eau du sol semble prévaloir sur la modération du microclimat assurée par les arbres d’ombrage.

Les systèmes agroforestiers ont connu une mortalité complète des cacaoyers alors que les arbres restés en plein soleil ont survécu et se sont rétablis. Le professeur Reimund P. Rötter, directeur de la division TROPAGS et supérieur hiérarchique d’Issaka Abdulai, explique que « dans des conditions climatiques extrêmes entraînant une grande sécheresse, l’incidence des nombreux arbres d’ombrage sur les cacaoyers devient critique car la concurrence pour l’eau du sol s’intensifie ».

L’étude a été réalisée dans le cadre du projet Trade-offs and synergies in climate change adaptation and mitigation in coffee and cocoa systems in Ghana and Uganda (compromis et synergies dans l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ce dernier dans les systèmes de production de café et de cacao au Ghana et en Ouganda) qui a été financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement.

(Universität Göttingen/wi)

Publication initiale:

Abdulai, I. et al. Cocoa agroforestry is less resilient to sub-optimal and extreme climate than cocoa in full sun. Global Change Biology. Doi:10.1111/gcb.13885

 

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