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La résistance des moustiques anophèles aux insecticides pyréthrinoïdes devient critique
La lutte contre le paludisme repose sur des insecticides appliqués dans le but d’éliminer le vecteur pathogène. À mesure que les efforts visant à circonscrire la maladie s’intensifiaient, la pression de sélection exercée sur les moustiques a augmenté et ceux-ci ont développé des résistances à ces insecticides. La distribution et la puissance de ces résistances ont considérablement progressé ces dernières années et menacent à présent le succès des programmes de lutte.
Une étude récente menée par des scientifiques du département de biologie des vecteurs de l’École de médecine tropicale de Liverpool à Liverpool/Royaume-Uni présente un état des lieux actuel sur la situation des résistances aux principales classes d’antibiotiques utilisées contre les vecteurs africains du paludisme, examine les éléments tendant à prouver que ces résistances compromettent dès à présent les efforts déployés pour lutter contre le paludisme et tourne son regard vers l’avenir pour mettre en lumière certains des nouveaux instruments à base d’insecticides en cours d’élaboration ainsi que les défis à relever pour garantir qu’il seront utilisés de la façon la plus efficace possible pour gérer les résistances.
Le rapport, qui agrège des données sur le sujet provenant d’autres études, constate qu’il existe un lien évident entre l’utilisation de pyréthrinoïdes comme pesticides dans l’agriculture en Afrique et la résistance des moustiques anophèles à cet insecticide. La résistance aux pyréthrinoïdes était autrefois confinée à l’Afrique australe, mais à partir de 2014 s’est étendue au Bénin, au Cameroun et au Kenya, note le rapport.
Les pyréthrinoïdes font partie des insecticides les plus couramment utilisés pour une pulvérisation en intérieur et pour le traitement des moustiquaires contre les vecteurs du paludisme, soulignent les auteurs. Ces produits chimiques sont précieux parce qu’ils sont considérés comme étant sans danger pour les êtres humains.
Les auteurs ont cependant constaté que les taux d’éradication des moustiques, constatés lors d’essais effectués avec des moustiquaires imprégnées de pyréthrinoïdes dans les régions où il existe une résistance aux pyréthrinoïdes, étaient faibles. Hilary Ranson, co-auteure du rapport et collaboratrice de l’École de médecine tropicale de Liverpool, explique que de nouveaux types d’insecticides doivent être mis au point afin de contrer la résistance croissante des moustiques. « Il est essentiel que nous ne misions pas seulement sur un ingrédient actif unique », insiste-t-elle.
Les pyréthrinoïdes sont un axe d’intervention essentiel du plan mondial de l’Organisation mondiale de la santé visant à répondre aux problèmes de résistance aux insecticides des vecteurs du paludisme. Les produits chimiques sont couramment utilisés dans l’agriculture, en particulier dans la culture du coton, qui compte parmi les cultures de rente les plus exigeantes en pesticides pratiquées dans les pays d’Afrique.
Le rapport, qui a été publié dans le numéro de mars de la revue Trends in Parasitology recommande d’intensifier les recherches sur de nouveaux insecticides fabriqués à partir de substances contre lesquelles les moustiques n’ont pas encore développé de résistances.
(SciDevNet/wi/LSTM)
Pour en savoir plus :Hilary Ranson and Natalie Lissenden Insecticide resistance in African Anopheles mosquitoes : A worsening situation that needs urgent action to maintain malaria control (Trends in Parasitology, mars 2016)
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