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Des mesures urgentes sont nécessaires pour garantir une planète sûre et juste pour tous
Une nouvelle étude montre que pour réussir à conserver un niveau de vie même basique pour tous, nous devons changer dramatiquement nos technologies et nos systèmes économiques. Elle souligne la nécessité de gérer, d’utiliser et de partager équitablement les ressources critiques pour permettre aux populations et à la planète de prospérer.
Plus de 60 scientifiques de la Commission Terre, un groupe scientifique international hébergé par Future Earth, qui compte parmi ses membres l’Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués (IIASA) en Autriche et l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (PIK) en Allemagne, ont contribué à l’étude. Les travaux s’appuient sur des études antérieures, qui avaient montré que bon nombre des limites planétaires essentielles nécessaires pour permettre à la planète de rester stable et aux populations de vivre en sécurité (« limites du système Terre ») ont déjà été dépassées.
Dans la nouvelle étude, publiée dans The Lancet Planetary Health en septembre, les chercheurs ont mis l’accent sur le concept d’espace sûr et juste, qui désigne l’équilibre permettant aux besoins humains d’être satisfaits sans que cela nuise à l’environnement et sans extraire de ressources en quantité excessive. Les nouveaux travaux comprennent l’ajout d’une « valeur de base » qui correspond à ce que la population mondiale doit extraire du système Terre pour avoir une vie exempte de pauvreté.
« Pour la première fois, des scientifiques ont quantifié la sécurité et la justice, en utilisant des unités similaires, afin de définir la voie possible vers un avenir stable et résilient dans lequel nous pourrons tous prospérer », explique Johan Rockström, directeur au PIK.
« Les systèmes de la Terre risquent de franchir un point de non-retour et donc de créer des atteintes supplémentaires si nous ne modifions pas de manière significative nos systèmes énergétiques, alimentaires et urbains », ajoute Caroline Zimm, co-auteure de l’étude et scientifique à l’IIASA.
Nous sommes tous exposés aux conséquences des dommages causés au système Terre
L’étude souligne que les inégalités et la surconsommation de ressources par une petite partie de la population mondiale sont des facteurs majeurs de ce rétrécissement de l’espace et que les communautés les plus pauvres, à savoir celles qui souffrent déjà le plus des conséquences du changement climatique, des pertes de biodiversité et de la pollution, sont les plus menacées. Personne n’est toutefois à l’abri des conséquences des dommages permanents causés aux systèmes de la Terre. Même les plus riches, qui en ressentent peut-être moins les impacts pour l’instant, seront vulnérables à long terme en raison de l’effondrement progressif des systèmes environnementaux dont dépendent la vie et les économies.
« Plus nous continuerons à élargir le fossé qui sépare ceux qui ont trop de ceux qui n’ont pas assez, plus les conséquences seront extrêmes pour tous en raison de l’effondrement progressif des systèmes d’appui qui sous-tendent notre mode de vie, nos marchés et nos économies » note Joyeeta Gupta, auteure principale de l’étude, ancienne coprésidente de la Commission Terre et professeure à l’université d’Amsterdam aux Pays-Bas.
Besoin de mesures urgentes
Pour éviter d’aggraver les atteintes et garantir un avenir stable, les auteurs réclament des mesures urgentes dans trois domaines clés :
- Économie et société : les gouvernements, les entreprises et les communautés doivent travailler ensemble à la création de politiques capables de réduire les inégalités tout en limitant la pression exercée sur la planète.
- Gestion des ressources : les ressources doivent être partagées plus équitablement et plus efficacement.
- Technologies durables : nous avons besoin de plus d’investissements dans des technologies durables, capables d’utiliser moins de ressources et de rouvrir l’espace sûr et juste qui rétrécit constamment.
« Les villes et les entreprises sont particulièrement bien placées pour mener ces efforts, car elles disposent de la flexibilité nécessaire pour lancer la transformation vers un basculement positif des systèmes humains, qui permettra d’éviter que le système Terre ne franchisse le point de non-retour. En définissant des objectifs fondés sur la science et en s’efforçant d’améliorer l’efficacité et la suffisance dans l’utilisation des ressources de la planète et des services offerts par les systèmes de la Terre, elles pourraient jouer un rôle crucial dans la concrétisation d’un avenir sûr et juste pour tous », note Nebojsa Nakicenovic, chercheur émérite à l’IIASA.
Les auteurs concluent que la seule voie vers un avenir durable et équitable réside dans la réduction des inégalités et dans la transformation de l’utilisation que nous faisons des ressources de la Terre, ajoutant que, si nous agissons immédiatement, il sera encore possible de faire en sorte que tous les êtres humains échappent à la pauvreté et soient protégés contre les dommages résultant des changements environnementaux.
(IAASA/PIK/wi)
Références
Gupta, J., Bai, X., Liverman, D.M., Rockström, J., Qin, D., Stewart-Koster, B., Rocha, J.C., Jacobson, L., et al. (2024). A just world on a safe planet: a Lancet Planetary Health–Earth Commission report on Earth-system boundaries, translations, and transformations. The Lancet Planetary Health; septembre 2024; DOI: 10.1016/S2542-5196(24)00042-1
Voir également la première étude réalisée par la même équipe de chercheurs : “Safe and just Earth System Boundaries”
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