Marché à Santiago au Chili, avril 2020. Les mesures liées à la pandémie de coronavirus entraînent une baisse des émissions mondiales de carbone.
Photo: ©FAO/Max Valencia

Déclin des émissions mondiales de carbone

Les estimations d’une équipe internationale de chercheurs montrent que, début avril, les émissions mondiales de carbone étaient probablement inférieures de 17 pour cent au niveau pré-pandémie. Ils avertissent, toutefois, que la pandémie n’a en aucun cas désamorcé la crise climatique.

Début avril, les émissions mondiales de carbone étaient inférieures de 17 pour cent au niveau pré-pandémie, a annoncé le Mercator Research Institute on Global Commons and Climate Change (MCC) fin mai 2020. Les baisses les plus fortes sont associées au trafic et à la production.

Les chercheurs d’instituts scientifiques de sept pays et trois continents ont produit une estimation rapide complète afin de quantifier les effets des mesures de lutte contre la pandémie sur les émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre. 

L’estimation rapide correspondant au 7 avril 2020 indique une réduction liée au coronavirus de 17 Mt de CO2 par jour, soit une baisse de 17 pour cent par rapport au niveau pré-pandémie qui était de 100 Mt. Le transport de surface représente la part la plus importante des 17 Mt quotidiennes de CO2 évitées, avec environ 7,5 Mt (soit une réduction de 36 pour cent). 

Pas moins de 4,3 Mt (19 pour cent de baisse) sont attribuables à la production de biens et services et 3,3 Mt (7 pour cent de baisse) à la production d’électricité. Le trafic aérien représente 1,7 Mt (une baisse de 60 pour cent, qui constitue la plus forte anomalie relative) et le secteur public 0,9 Mt (baisse de 21 pour cent). On constate, au contraire, une légère augmentation de 0,2 Mt (3 pour cent) pour les ménages.

Prévisions d’émissions de carbone


Dans leur étude, les chercheurs émettent également une prévision d’émissions de carbone pour l’année complète, en se basant sur trois scénarios différents :

1.    Si les restrictions imposées en mars sont réduites à zéro d’ici à la mi-juin, les émissions de carbone de l’année 2020 seront inférieures d’environ 4 pour cent à ce qu’elles auraient été sans pandémie. 

2.    Si les restrictions sont maintenues jusqu’à fin mai et que la situation revient à la normale fin juillet, la réduction sera d’environ 5 pour cent. 

3.    Si, en plus du deuxième scénario, les autorités doivent rompre des chaînes d’infection individuelles jusqu’à la fin de l’année et envoyer les personnes concernées en quarantaine, la réduction sera d’environ 7 pour cent.

Pas de désamorçage de la crise climatique suite à la pandémie


Les chercheurs insistent sur le fait que la pandémie de coronavirus n’a en aucun cas désamorcé la crise climatique. « Après tout, les scénarios mis au point par les scientifiques depuis des années pour lutter avec succès contre le réchauffement climatique visent une amélioration et non une dégradation du bien-être humain malgré la réduction de la consommation d’énergie et de ressources, explique Felix Creutzig, directeur du groupe de travail « Utilisation des terres, infrastructures et transports » du MCC et coauteur de l’étude. Les perturbations actuelles de la demande ne sont, au contraire, ni prévues ni bienvenues. Notre étude n’est pas un motif de réjouissance. Elle offre, toutefois, des informations quantitatives importantes sur l’impact de mesures extrêmes sur les émissions de CO2. »

Pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C au-dessus des niveaux pré-industriels, il faut que les émissions baissent de 6 pour cent chaque année et non une seule fois. « Les hommes politiques devront garder cela à l’esprit au moment d’organiser la reprise économique une fois que la pandémie aura été contenue, insiste Felix Creutzig. Les plans publics de relance influenceront probablement les niveaux d’émissions de carbone des prochaines décennies. Il est tout à fait possible de concilier ce contexte avec la politique climatique. Mais si la politique climatique est affaiblie, les émissions à long terme risquent d’être encore plus élevées qu’en l’absence de pandémie, et ce, malgré le déclin constaté aujourd’hui. »

(MCC/ile)

Plus d’informations sur le site du MCC (en anglais)

Référence de l’article cité :
Le Quéré, C., Jackson, R., Jones, M., Smith, A., Abemethy, S., Andrew, R., De-Gol, A., Willis, D., Shan, Y., Canadell, J., Friedlingstein, P., Creutzig, F., Peters, G., 2020, Temporary reduction in daily global CO2 emissions during the COVID-19 forced confinement (Réduction temporaire des émissions mondiales quotidiennes de CO2 pendant le confinement forcé lié à la COVID-19), Nature Climate Change

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