Il suffirait de reporter le paiement à la date de la moisson pour augmenter le taux de contraction de l’assurance récolte.
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Accroître les taux de contraction de l’assurance récolte dans les pays en développement

Souvent, dans les pays en développement, les agriculteurs dépendent fortement de leur récolte annuelle pour nourrir leurs familles. Malgré les avantages considérables que peuvent offrir les assurances récolte en atténuant le risque d’une mauvaise année, un faible pourcentage d’agriculteurs assurent leurs récoltes. Une solution simple mais efficace testée par des chercheurs de l’université de Zurich a augmenté de plus de 70 pour cent le taux de contraction d’une assurance récolte.

Depuis des décennies, des compagnies, organisations d’aide et gouvernements de pays en développement essaient de faire en sorte qu’un plus grand nombre d’agriculteurs assurent leurs récoltes. Malheureusement, le taux de contraction d’une assurance reste obstinément faible. Lorenzo Casaburi, du département des sciences économiques de l’université de Zurich (UZH), Suisse, et son co-auteur, Jack Willis, ont trouvé une solution simple permettant d’augmenter les taux de contraction de telles assurances.

Ils ont constaté qu’en matière d’assurance récolte, le calendrier et ce que les économistes appellent préférences temporelles sont primordiaux.

Avec les assurances standards, les primes sont payées à un moment où les agriculteurs manquent d’argent. De plus, comme l’avantage potentiel qu’ils peuvent tirer de l’assurance, c’est-à-dire le paiement qu’ils perçoivent en cas de mauvaise récolte, se situe plus loin dans le temps, ils n’en tiennent mentalement pas compte. Cet argent potentiellement disponible plus tard semble compter moins, à leurs yeux, que le prix à payer aujourd’hui. Ils se disent par conséquent que l’investissement n’en vaut pas la peine.

Le moment de payer les primes d’assurance est un facteur essentiel

Généralement, les assurances récolte doivent être payées au début de la saison, au moment même où les agriculteurs ont besoin d’argent pour acheter des intrants, des semences, du matériel et pour nourrir leur famille jusqu’à la moisson, lorsqu’ils peuvent vendre leur production. Les chercheurs ont modifié très simplement la police d’assurance : ils ont déplacé la date de paiement de l’assurance à la date de la moisson. 

En cas de bonne récolte, l’agriculteur reçoit le prix de la vente de sa récolte, moins la prime d’assurance qui a été déduite. En cas de mauvaise récolte, l’agriculteur reçoit le prix de la vente de sa récolte plus un versement de l’assurance. Les chercheurs ont testé cette innovation dans le cadre d’un essai aléatoire contrôlé. « Rien qu’en déplaçant la date de paiement de la prime à la date de la récolte, nous avons augmenté de 72 pour cent le taux de contraction de l’assurance, » déclare Lorenzo Casaburi, qui ajoute : « qui plus est, ce sont les agriculteurs les plus pauvres qui ont le plus augmenté leur demande d’assurance. »

Problèmes de liquidités et préjugés actuels

Pour expliquer les résultats, les auteurs ont comparé les taux de contraction d’assurance avec ceux d’autres formules de paiement. Par exemple, ils ont offert à un autre groupe une réduction de 30 pour cent, avec paiement de la prime au début de la saison. Même avec une telle réduction, le taux de contraction n’a augmenté que de six pour cent, ce qui montre bien l’effet négatif des graves problèmes de liquidité auxquels ces agriculteurs sont confrontés au début de l’année.

Des expérimentations supplémentaires donnent à penser que les problèmes de liquidités des agriculteurs et les préjugés actuels – une focalisation excessive sur « aujourd’hui » plutôt que sur « demain » – expliquent en grande partie ces résultats.

Compte tenu de la simplicité et de l’efficacité de cette solution à un important problème, comment se fait-il que cette idée ne soit pas plus utilisée dans le secteur de l’assurance ? Lorenzo Casaburi explique : « l’exécution des contrats est un élément clé et nous devons comprendre les conditions dans lesquelles cette solution simple peut atteindre tout son potentiel. » Les agriculteurs doivent être convaincus qu’ils recevront le versement de l’assurance, et les assureurs ou les acheteurs doivent être certains que les agriculteurs leur vendront leur production (moins la prime d’assurance), à eux, et pas à un autre acheteur.

(UZH/idw/wi)

Référence :

Casaburi, Lorenzo, et Jack Willis. 2018. Time versus State in Insurance: Experimental Evidence from Contract Farming in Kenya. American Economic Review, 108 (12): 3778-3813.DOI: 10.1257/aer.20171526

Lien avec le site de l’université de Zurich

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