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L’agroécologie en tant que concept directeur – évaluation à mi-parcours de la « Traffic Light Coalition »
Notre système agricole et alimentaire connaît des difficultés qui exigent une transformation fondamentale et urgente. Grâce à son approche holistique, l’agroécologie offre des solutions aux multiples problèmes auxquels nous sommes confrontés. Mais qu’en est-il de la mise en œuvre et du statut de l’agroécologie au sein du gouvernement fédéral allemand ?
La lumière et l’ombre
Il y a des points positifs. Par exemple, dans son accord de coalition, le gouvernement fédéral stipulait la promotion de la sécurité alimentaire basée sur des approches agroécologiques durables, notamment dans le domaine de la petite agriculture. Par ailleurs, il a manifesté un engagement particulier en faveur de l’agroécologie lors de forums internationaux et dans la coopération bilatérale. Le droit à l’alimentation et sa réalisation ont pris de l’importance au sein du gouvernement fédéral, par exemple avec la création d’une section chargée de résoudre ce problème au ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture.
Mais des mesures rétrogrades ont également été prises
Toutes les possibilités de transformer les systèmes agricoles et alimentaires n’ont pas été pleinement exploitées après des crises mondiales telles que celle de la pandémie de COVID-19 et celles résultant de tensions géopolitiques. Au lieu de solutions agroécologiques globales, des mesures unilatérales mettant simplement l’accent sur des augmentations à court terme de la production ont été prises. À titre d’exemple, citons la promotion de l’engrais azoté de synthèse à « l’hydrogène vert ». De telles initiatives pourraient amener les petits exploitants agricoles à utiliser des produits chimiques non durables et rappellent plus l’échec de la « Révolution verte » qu’elles ne proposent de solutions écologiques à long terme telles que les engrais bio et les approches agroécologiques.
En outre, les stratégies du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) ne tiennent que très insuffisamment compte des approches agroécologiques. Ni dans sa politique sur l’Afrique, ni dans la transformation des systèmes alimentaires le BMZ n’intègre systématiquement l’agroécologie comme solution.
Conclusions et recommandations
Malgré quelques évolutions positives, il manque une politique gouvernementale systématique et cohérente en faveur de l’agroécologie. Compte tenu des conséquences de la pandémie de COVID-19, de la crise climatique et d’autres problèmes mondiaux, il apparaît de plus en plus clairement qu’il est urgent d’inverser les tendances agricoles et alimentaires. Il faudrait par conséquent que l’agroécologie s’impose comme un élément central de la durabilité des systèmes alimentaires et de la protection du climat.
À cette fin, le Forum Environnement et Développement a formulé de claires recommandations à l’intention du gouvernement fédéral :
- Par exemple, il demande que l’agroécologie soit institutionnellement établie comme section à part entière du BMZ pendant cette période législative. Il faudrait régulièrement et durablement augmenter le soutien financier des projets agroécologiques, et notamment poursuivre l’aide aux centres de connaissances sur l’agriculture organique et l’agroécologie, et créer de nouveaux programmes de financement.
- Il demande en outre la transformation de la table ronde sur l’agroécologie en plateforme centrale. Il faudrait pour cela élargir la participation à divers acteurs et adapter le format à l’agenda politique.
- Une cohérence politique interministérielle est également importante pour faire de l’agroécologie un élément central des projets de coopération bilatéraux et des stratégies internationales, notamment dans le cadre de la collaboration avec l’Afrique.
- Il faut systématiquement lutter contre les pratiques telles que l’exportation de pesticides très dangereux et la dérégulation du génie génétique.
L’évaluation à mi-parcours a montré qu’il reste beaucoup à faire. Le gouvernement fédéral doit intensifier ses efforts et élaborer une politique cohérente reconnaissant l’agroécologie et en faisant un élément clé de la lutte contre les crises alimentaires et environnementales mondiales. Le vingtième anniversaire des Directives volontaires à l'appui de la concrétisation progressive du Droit à une alimentation adéquate a, une fois de plus, démontré à quel point il est important d’intégrer les approches agroécologiques dans les politiques nationales et internationales. Les Directives mettent l'accent sur le droit à une alimentation adéquate et sur la nécessité de promouvoir des pratiques agricoles durables. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra assurer un avenir juste et durable à toutes les populations, en particulier celles vivant dans les pays du Sud global.
Les auteures :
Silke Bollmohr est consultante en agriculture et approvisionnement alimentaire mondial au sein du réseau INKOTA. Contact : bollmohr@inkota.de
Simone Ramones est consultante en équité des ressources au sein du Weltfriedensdienst e.V. Contact : ramones@wfd.de
Sarah Schneider est consultante en agriculture et approvisionnement alimentaire mondial au sein de Misereor. Contact : sarah.schneider@misereor.de
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