Débat sur la régénération des terres et le rôle des jeunes à la COP15.
Photo: © IISD/ENB | Kiara Worth

COP15 : Vers la neutralité en matière de dégradation des terres

Lors de la COP15, les parties ont pris l’engagement d’accélérer la restauration d'un milliard d'hectares de terres dégradées d'ici à 2030, de renforcer la résilience à la sécheresse et d’assurer de meilleures synergies entre les trois conventions de Rio.

La Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), qui s'est tenue du 9 au 20 mai à Abidjan, en Côte d'Ivoire, sur le thème « Terre. La vie. Héritage : de la rareté à la prospérité », a été la première des trois réunions des Conventions de Rio qui se tiendront en 2022. La COP15 sur le thème de la biodiversité et la COP27 sur celui du changement climatique auront lieu plus tard, respectivement à Kunming, en Chine, et à Sharm El-Sheikh, en Égypte.

Cette réunion de deux semaines sur l'avenir de la gestion des terres a attiré près de 7 000 participants, dont des chefs d'État, des ministres, des délégués des 196 Parties à la CNULCD et de l'Union européenne, ainsi que des membres du secteur privé, de la société civile, des femmes, des leaders de la jeunesse et médias.

La COP15 de la CNULCD adopte 38 décisions, notamment sur le régime foncier, la migration et le genre, qui mettent en évidence le rôle de la terre dans la résolution de crises multiples.

L’Appel à l’action d’Abidjan


Le Sommet s'est conclu par l'adoption de l'Appel d'Abidjan, qui exhorte à accorder la plus haute priorité à la question de la sécheresse et renforce l'engagement à atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres d'ici 2030. L'appel à l'action des dirigeants vient en réponse à un avertissement sévère de la CNULCD selon lequel jusqu'à 40 % de toutes les terres libres de glace sont déjà dégradées, avec des conséquences désastreuses pour le climat, la biodiversité et les moyens de subsistance.

Le statu quo entraînera, d'ici 2050, la dégradation de 16 millions de kilomètres carrés (presque la taille de l'Amérique du Sud), avec 69 gigatonnes de carbone émises dans l'atmosphère. Mais la restauration des terres contribuerait à réduire le nombre estimé de 700 millions de personnes susceptibles d'être déplacées par la sécheresse d'ici 2030.

Dans la déclaration « Terre, vie et héritage » de la COP15, les ministres et représentants répondent aux conclusions du rapport phare de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) intitulé « Global Land Outlook 2 », publié en avril. Ils « exhortent les Parties à adopter une approche proactive, vaste et holistique d'atténuation des causes des tempêtes de sable et de poussière et des impacts de la sécheresse, d'adaptation et de résilience, notamment par le biais de cadres politiques réactifs qui intègrent des systèmes d'alerte précoce et des interventions opportunes, une collaboration scientifique et des partenariats multipartites qui devraient être soutenus par des niveaux de financement adéquats. »

Parvenir à l'égalité des genres pour réussir la restauration des terres


Au cours du Caucus sur le genre organisé en marge du Sommet des chefs d'État, une nouvelle étude intitulée « Differentiated Impacts of Desertification, Land Degradation and Drought on Women and Men » a été lancée. Cette étude met en lumière les impacts disproportionnés auxquels les femmes et les filles sont confrontées lorsque les terres sont dégradées.

Dans la Déclaration d'Abidjan sur la réalisation de l'égalité des genres pour une restauration réussie des terres, issue du Caucus sur le genre, les parties ont accepté de « promouvoir toutes les mesures nécessaires pour identifier et éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes dans le cadre de la lutte contre la désertification/dégradation des terres et la sécheresse (DLDD), en ce qui concerne la sécurité foncière et l'accès, la propriété et le contrôle des terres et des ressources naturelles, des ressources humaines et autres formes de propriété et d'héritage, en accordant une attention particulière aux droits des femmes âgées, des veuves, des femmes handicapées et des jeunes femmes. »

La sécheresse en chiffres, 2022


L'humanité est « à la croisée des chemins » lorsqu'il s'agit de gérer la sécheresse, et l'accélération de l'atténuation doit être faite « de toute urgence, en utilisant tous les outils que nous pouvons", explique le rapport « La sécheresse en chiffres, 2022 », de la CNULCD, publié à l’occasion de la COP15. 

Le rapport présente des faits et des chiffres relatifs à la sécheresse, notamment une augmentation de 29 % des sécheresses depuis 2000 et une projection selon laquelle les trois quarts de la population mondiale seront touchés par la sécheresse d'ici 2050 si aucune mesure urgente n'est prise.

Le rapport prévient qu'à moins que des mesures ne soient prises d'urgence :

  • D'ici 2030, 700 millions de personnes risquent d'être déplacées par la sécheresse.
  • D'ici 2040, un enfant sur quatre vivra dans des zones où les pénuries d'eau sont extrêmes.
  • D'ici 2050, les sécheresses pourraient affecter plus des trois quarts de la population mondiale, et on estime que 4,8 à 5,7 milliards de personnes vivront dans des zones qui manquent d'eau pendant au moins un mois chaque année, contre 3,6 milliards aujourd'hui. Et jusqu'à 216 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer d'ici 2050, en grande partie à cause de la sécheresse combinée à d'autres facteurs, notamment la pénurie d'eau, la baisse de la productivité des cultures, l'élévation du niveau de la mer et la surpopulation.

Intensifier l'action mondiale contre la sécheresse


De nouvelles initiatives lancées lors de la COP15 visent à intensifier les efforts de lutte contre la désertification et la sécheresse :

  • L'initiative Business for Land viset à donner de la visibilité aux engagements pris par les entreprises participantes en faveur de la neutralité en matière de dégradation des terres, tant dans les chaînes d'approvisionnement que dans les activités de RSE.
  • Le Sahel Sourcing Challenge pour permettre aux communautés qui cultivent la Grande Muraille Verte d'utiliser la technologie pour suivre les progrès, créer des emplois et commercialiser leurs produits tels que le jus de baobab, l'huile de moringa et le beurre de karité.
  • Droughtland, une nouvelle campagne de sensibilisation du public à la CNULCD qui vise à présenter des solutions et à mobiliser l'action mondiale contre la sécheresse. 

Les futures réunions de la Conférence des Parties à la CNULCD et de ses organes subsidiaires se tiendront en Arabie saoudite (COP16 en 2024), en Mongolie (COP17 en 2026) et en Ouzbékistan (Comité d'examen de la mise en œuvre de la Convention en 2023) .

(CNULCD/ile)

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