De gauche à droite: Annalena Baerbock, Svenja Schulze et Cem Özdemir.
Photo: BMZ/BMUV/AA

Conférence de Berlin : Ensemble pour une sécurité alimentaire mondiale

Le gouvernement fédéral allemand, représenté par ses ministres des Affaires étrangères, du Développement et de l'Agriculture, a invité une cinquantaine de représentants de gouvernements, d'organisations internationales et de la société civile à Berlin fin juin, en amont du sommet du G7, afin de discuter d'une réponse coordonnée et efficace à la crise mondiale de la faim, dramatiquement aggravée par la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine.

Selon le Programme alimentaire mondial, au cours des deux dernières années et à l’échelle mondiale, le nombre de personnes en situation de grave insécurité alimentaire a plus que doublé pour atteindre 276 millions.

Pour faire un bilan des progrès réalisés dans la lutte contre la crise mondiale de la sécurité alimentaire et pour concrétiser leur volonté commune d’aller de l’avant pour mener à bien cette initiative commune, les gouvernements, organisations internationales et régionales, banques multilatérales de développement, ONG et organisations philanthropiques se sont réunis au Schloss Elmau pendant la période qui a précédé le Sommet du G7, dans le cadre de la conférence ministérielle « S’unir pour la sécurité alimentaire mondiale » organisée le 24 juin 2022 à Berlin, Allemagne.

Cette conférence internationale était organisée par le gouvernement allemand représenté par la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, la ministre de la Coopération économique et du Développement, Svenja Schulze, et le ministre de l’Agriculture, Cem Özdemir.

Cette crise pluridimensionnelle exige une action mondiale commune et efficace

Les participants ont fait remarquer que l’invasion de l’Ukraine par la Russie expose des millions de personnes à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition et qu’elle aggrave par ailleurs la situation déjà catastrophique concernant la sécurité alimentaire mondiale, situation due, notamment, aux conflits armés, au changement climatique et aux conséquences de la pandémie de Covid-19.

Ils ont convenu que cette crise pluridimensionnelle nécessite une réponse mondiale conjointe et efficace associant diplomatie, aide humanitaire, coopération au développement et application de politiques agricoles et alimentaires adaptées.  

« Quatre aspects seront cruciaux dans les efforts que nous déploierons aujourd’hui », a déclaré Annalena Baerbock dans son allocution liminaire. Premièrement, coopérer pour permettre à l’Ukraine d’exporter ses produits alimentaires. Deuxièmement, intensifier l’aide humanitaire. Troisièmement, s’attaquer aux facteurs sous-jacents pour faire en sorte que le monde soit moins vulnérable à la crise alimentaire. Et quatrièmement, examiner de près les éventuels effets indirects des sanctions. « Nous ne sommes pas engagés dans un sprint, mais dans une course de fond », a-t-elle ajouté.

« La réalisation de l’objectif d’éliminer la faim (ODD2) d’ici à 2030 est de plus en plus hors de portée, » a fait remarquer Svenja Schulze, qui a souligné l’importance de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire, une alliance incluant l’Union africaine, c’est-à-dire « pas une alliance pour le Sud global, mais une alliance avec le Sud global ». 

« L’alimentation humaine doit passer en premier, » a déclaré Cem Özdemir, qui a souligné que lorsqu’on parle de sécurité alimentaire à long terme, il faut aborder la question éthique de savoir comment utiliser les récoltes : pour l’alimentation humaine, l’alimentation animale ou la production de combustibles.  

Il est essentiel de réintégrer la production alimentaire de l’Ukraine

Dans un message vidéo, António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, a déclaré qu’il y a un risque réel de multiples famines en 2022. « Et cela pourrait être encore pire en 2023, » a-t-il ajouté.

Pour lui, ce sont les engrais et l’énergie qui coûtent le plus cher aux agriculteurs. Le prix des engrais a augmenté de plus de la moitié l’année passée, et celui de l’énergie de plus de deux tiers. Toutes les récoltes seront touchées, y compris celles du riz et du maïs, ce qui aura de graves conséquences pour des milliards de personnes en Asie, en Afrique et dans les Amériques.  

António Guterres a déclaré : « L’aide humanitaire est essentielle – mais elle n’est pas suffisante, car il ne s’agit pas seulement d’une crise alimentaire. La crise va bien au-delà et nécessite une approche multilatérale coordonnée, avec des solutions pluridimensionnelles. »

Il a expliqué qu’il n’y aurait pas de solution efficace à la crise alimentaire mondiale sans réintégration dans les marchés mondiaux de la production alimentaire de l’Ukraine, ainsi que des produits alimentaires et des engrais produits par la Russie – malgré la guerre. Il a également indiqué que la résolution de la crise alimentaire passait par la résolution de la crise financière des pays en développement.

La FAO propose cinq mesures urgentes pour lutter contre la crise alimentaire mondiale

Lors de la conférence, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Qu Dongyu, a présenté cinq mesures urgentes pour mettre un terme à la crise alimentaire mondiale et transformer les systèmes agroalimentaires.  

Premièrement, il est indispensable d’investir dans les pays les plus gravement affectés par l’augmentation des prix des produits alimentaires. En plus de l’aide alimentaire, il est primordial de soutenir la production locale d’aliments nutritifs.

Deuxièmement, Qu Dongyu a demandé un soutien plus fort de l’initiative multipartite IPC (cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) visant à améliorer la sécurité alimentaire et l’analyse nutritionnelle et à prendre des décisions pour élargir la couverture géographique.

Troisièmement, les pays doivent encourager les politiques qui améliorent la productivité, l’efficacité, la résilience et l’inclusivité des systèmes agroalimentaires.   

Quatrièmement, la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires peut améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. Les pertes et le gaspillage alimentaires actuels pourraient nourrir environ 1,26 milliard de personnes par an.

Cinquièmement, il est primordial de mieux utiliser les engrais, et de manière plus efficace.   

Au sujet de la transparence du marché et de la nécessité de stabiliser les prix, le Directeur général a souligné l’importance de préserver l’ouverture du système commercial mondial.

Ines Lechner, rédactrice, Rural 21

Pour plus d'informations :

Lien aux conclusions de la Conférence du 24 juin 2022 (en anglais)

 

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