A l'occasion de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, le Global Carbon Project a publié son rapport annuel.
Photo: © Alex Machado/Global Carbon Project

Aucun signe de diminution des émissions mondiales de CO2

Les travaux de l'équipe scientifique du Global Carbon Project montrent que les émissions mondiales de CO2 en 2022 restent à des niveaux records, sans aucun signe de la diminution nécessaire et urgente pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Si les niveaux d'émissions actuels persistent, il y a désormais 50 pour cent de chances que le réchauffement planétaire de 1,5 °C soit dépassé dans neuf ans.

L’article de l'équipe scientifique du Global Carbon Project prévoit des émissions mondiales totales de CO2 de 40,6 milliards de tonnes (GtCO2) en 2022. Ce total est dominé par les émissions de CO2 d'origine fossile, qui devraient augmenter de 1,0 pour cent par rapport à 2021, pour atteindre 36,6 GtCO2, soit un peu plus que les niveaux de 2019 avant le COVID-19. Les émissions liées au changement d’utilisation des terres (comme la déforestation) devraient s'élever à 3,9 GtCO2 en 2022.

Ces constats ont été publiés alors que les dirigeants mondiaux se sont réunis à la COP27 en Égypte pour discuter de la crise climatique.

Les projections des émissions du charbon et du pétrole sont supérieures à leurs niveaux de 2021, le pétrole étant le plus grand contributeur à la croissance des émissions totales. La croissance des émissions liées à l’utilisation du pétrole s'explique en grande partie par le rebond de l'aviation internationale suite à la levée des restrictions liées à la pandémie de COVID-19.

En 2022, le bilan des principaux émetteurs est mitigé : les émissions devraient diminuer en Chine (0,9 %) et dans l'UE (0,8 %), et augmenter aux États-Unis (1,5 %) et en Inde (6 %), avec une hausse de 1,7 % dans le reste du monde au total.

Le budget carbone restant pour une probabilité de 50 pour cent de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C s'est réduit à 380 GtCO2 (il sera dépassé dans neuf ans si les émissions restent aux niveaux de 2022) et à 1 230 GtCO2 pour limiter à 2 °C (soit 30 ans aux niveaux d'émissions de 2022).

Pour atteindre zéro-émission de CO2 d'ici 2050, il faudrait maintenant une diminution d'environ 1,4 GtCO2 chaque année, un chiffre comparable à la baisse observée des émissions en 2020 en raison des confinements du COVID-19, ce qui, selon les scientifiques, souligne l'ampleur de l'action requise.

Les écosystèmes terrestres et les océans, qui capturent et stockent le carbone, continuent d'absorber environ la moitié des émissions de CO2. Toutefois, le changement climatique a réduit l'absorption de CO2 par les puits océaniques et terrestres d'environ quatre pour cent et 17 pour cent, respectivement, au cours de la décennie 2012-2021.

Le budget carbone de cette année montre que le taux d'augmentation à long terme des émissions fossiles a ralenti. L'augmentation moyenne a atteint un pic de +3 pour cent par an au cours des années 2000, alors que la croissance au cours de la dernière décennie a été d'environ +0,5 pour cent par an. L'équipe de recherche, comprenant entre autres l'université d'Exeter, Angleterre, le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), France, l'université d'East Anglia (UEA), Grande-Bretagne, CICERO, Norvège, l'université Ludwig-Maximilian de Munich, Allemagne, notent ce ralentissement, mais a déclaré qu'il était « loin de la diminution des émissions requise ».

« Cette année, nous assistons à une nouvelle hausse des émissions mondiales de CO2 fossile, alors que nous avons besoin d'une baisse rapide », explique Pierre Friedlingstein, de l’Université d’Exeter. « Il y a quelques signes positifs, mais les dirigeants réunis à la COP27 devront prendre des mesures significatives si nous voulons conserver une chance de limiter le réchauffement de la planète à environ 1,5°C ».

La déforestation est une source importante d'émissions de CO2
 

Les changements d'affectation des terres, en particulier la déforestation, sont une source importante d'émissions de CO2 (environ un dixième de la quantité provenant des émissions fossiles). L'Indonésie, le Brésil et la République démocratique du Congo contribuent à 58 pour cent des émissions mondiales dues aux changements d'affectation des terres.

L'élimination du carbone par la reforestation ou la création de nouvelles forêts contrebalance la moitié des émissions dues à la déforestation. Selon les chercheurs du Global Carbon Project, l'arrêt de la déforestation et l'intensification des efforts de restauration et d'expansion des forêts constituent une grande opportunité de réduire les émissions et d'augmenter l'élimination dans les forêts.

L’article sur le bilan global du carbone prévoit que les concentrations de CO2 dans l'atmosphère atteindront 417,2 parties par million en 2022, niveau se situant à plus de 50 pour cent au-dessus des niveaux préindustriels. La projection de 40,6 GtCO2 d'émissions totales en 2022 est proche des 40,9 GtCO2 de 2019, qui constituent le total annuel le plus élevé jamais atteint.

Le rapport sur le bilan global du carbone, produit par une équipe internationale de plus de100 scientifiques, examine à la fois les sources et les puits de carbone. Il fournit une mise à jour annuelle, évaluée par des pairs, en s'appuyant sur des méthodologies établies de manière totalement transparente.

(GCP/wi)

 

Référence :

Friedlingstein et al. (2022) Global Carbon Budget 2022. Earth System Science Data

 

Pour en savoir plus :

Global Carbon Project

 

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