Forêt tropicale amazonienne : les membres de l'UICN veulent protéger 80 pour cent de l'Amazonie d'ici 2025.
Photo: ©SL-Photography/Shutterstock

Appel à une reprise post-pandémie fondée sur la nature

Le Congrès de l’UICN a instamment appelé les gouvernements à mettre en œuvre une reprise post-pandémie fondée sur la nature, en investissant au moins 10 pour cent des fonds mondiaux pour la reprise dans des projets liés à la nature et a adopté une série de résolutions et d’engagements visant à lutter de manière urgente contre les crises interconnectées du climat et de la biodiversité.

Le Congrès mondial de la nature, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), s’est déroulé du 3 au 10 septembre 2021 à Marseille, France. Il mettait l’accent sur trois thèmes principaux : le cadre post 2020 pour la conservation de la biodiversité, qui sera adopté cette année par les parties à la Convention des Nations unies sur la biodiversité, le rôle de la nature dans la reprise mondiale post-pandémie et la nécessité de transformer le système financier mondial et d’orienter l’investissement vers des projets positifs pour la nature

Avec près de 6 000 participants enregistrés sur place et plus de 3 500 participants en ligne, le Congrès a rassemblé de hauts responsables issus de gouvernements, de la société civile, de communautés autochtones, religieuses et spirituelles, du secteur privé et des milieux universitaires dans le but de décider collectivement des mesures à prendre face aux défis les plus pressants en matièrede conservation et de développement durable. 

Les résolutions démocratiquement adoptées par les membres de l’UICN comprennent notamment des appels visant à protéger 80 pour cent de l’Amazonie d’ici 2025 et à mettre un terme à l’exploitation minière dans tous les fonds marins profonds, et un appel adressé à la communauté mondiale pour qu’elle adopte une ambitieuse approche Une santé. 

Sous le leadership des États de l’Océan indien occidental, l’UICN et ses partenaires se sont engagés à soutenir l’initiative Grand mur bleu (Great Blue Wall Initiative), premier réseau régional visant à développer une économie bleue au profit de 70 millions de personnes tout en préservant et restaurant la biodiversité marine et côtière. 

La participation active des organisations de peuples autochtones membres de l’UICN au processus démocratique a conduit à ce que l’accent soit mis, dans de nombreuses résolutions, sur les droits des Peuples autochtones et leur rôle dans la conservation.

Au total, les plus de 1500 membres de l’UICN ont adopté 148 résolutions et recommandations, 39 au terme de votes lors du Congrès à Marseille et 109 par vote électronique en ligne avant la manifestation. Parmi les décisions prises au Congrès figurait une résolution demandant à l'UICN de créer une Commission sur la crise climatique, pour compléter les six Commissions existantes de l'Union.

Lors de la séance de clôture du Congrès de l’UICN, les États, ONG et organisations des peuples autochtones membres de l’Union ont adopté le Manifeste de Marseille, dans lequel figure l’engagement à mettre en œuvre le premier plan d’action mondial autodéterminé des Peuples autochtones membres de l’UICN.

Les menaces pesant sur les espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées compromettent la sécurité alimentaire    


Selon une étude lancée lors du Congrès et dont l’UICN est co-auteure, plus de 70 espèces sauvages apparentées à certaines plantes cultivées les plus importantes du monde sont menacées d’extinction. Ces plantes endémiques du Mexique, du Guatemala, du Salvador et du Honduras, constituent des ressources génétiques qui sont nécessaires pour créer, à l’échelle mondiale, des variétés végétales plus résilientes au changement climatique, aux nuisibles et aux maladies, et pour améliorer les rendements. 

L’article Risque d’extinction des espèces sauvages apparentées aux cultures mésoaméricaines publié dans la revue Plants, People, Planet, a analysé 224 plantes étroitement apparentées au maïs, à la pomme de terre, au haricot, à la courgette, au squash, au piment fort, à la vanille, à l’avocat, au physalis et au coton cultivés.  L’étude a montré que 35 pour cent de ces espèces sauvages sont menacées d’extinction. 

À ce jour, au moins seize espèces sauvages apparentées à des plantes cultivées figurant dans cette étude ont été utilisées pour créer de nouvelles variétés alimentaires plus résilientes au changement climatique, aux conditions météorologiques extrêmes et à d’autres menaces. 

« Ces résultats ont des implications potentiellement déterminantes pour les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Il est impératif que les secteurs de la conservation et de l’agriculture collaborent pour protéger les espèces sauvages apparentées à des cultures mésoaméricaines, tout en soutenant les économies rurales et les moyens de subsistance, » a déclaré Bárbara Goettsch, présidente du groupe de spécialistes des cactus et plantes succulentes de la Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) de l’UICN et auteure principale de cette étude financée par l’Initiative Darwin. 

Renforcement de la résilience du tourisme communautaire dans les aires protégées  


Lors du Congrès, l’UICN et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) au nom du ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ) ont annoncé un nouveau programme visant à renforcer la résilience du tourisme communautaire dans et à proximité immédiate des aires protégées et conservées dans le monde entier. 

Ce programme, qui est financé par le BMZ et à la mise en œuvre duquel participent des partenaires tels que l’UNESCO et le Fonds mondial pour la nature (WWF), instrumentalisera le tourisme pour contribuer au développement durable dans les pays en développement et les pays émergents. 

Pour piloter l’initiative, l’UICN collaborera avec deux sites du patrimoine mondial et cinq autres aires protégées au Pérou et au Vietnam pour augmenter la résilience du tourisme communautaire  à de futures perturbations. 

L’expérience acquise dans les sites pilotes servira ensuite à inspirer des solutions pour le tourisme communautaire et pour le rôle qu’il peut jouer, à l’échelle mondiale, dans la prévention des pandémies et la reprise post-pandémie dans et à proximité immédiate des aires protégées. 

La pandémie de COVID-19 a entraîné un effondrement mondial du tourisme international, notamment dans les sites reculés et sauvages qui en ont besoin pour soutenir les moyens d’existence locaux. 

(UICN/ile)

Lire le Manifeste de Marseille sur le site web de l’UICN

Lire l’article Risque d’extinction des espèces sauvages apparentées aux cultures mésoaméricaines (en anglais)

Pour en savoir plus, consulter le site web du Congrès mondial de la nature, de l’UICN

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