La prochaine récolte sera-t-elle bonne ? Agriculteur à Bungoma, province occidentale du Kenya.
Photo : ©Shutterstock/Karuga

Une conception intelligente des régimes de propriété foncière est importante pour l’Afrique

Selon une nouvelle étude, une conception intelligente des régimes de propriété foncière dans les pays africains est un facteur clé de la lutte contre le changement climatique dans la région. Les locataires de terres devraient payer l’équivalent d’une part fixe de la récolte plutôt qu’un loyer fixe.

Compte tenu des menaces que fait peser le changement climatique sur l’Afrique (mauvaises récoltes, famines, voire conflits violents), les administrations locales devraient revoir la structure juridique du régime de propriété foncière : en encourageant le système de partage des récoltes (métayage), elles pourraient améliorer la résilience de la production agricole. Tels sont les conseils que donne une étude réalisée par l’institut MCC de recherche climatique de Berlin (Institut de recherche Mercator sur les biens communs et le changement climatique dans le monde, Berlin, Allemagne) sur la base de données empiriques recueillies dans onze pays. Cette étude a été publiée en janvier 2020 dans la célèbre revue Ecological Economics. 

Avec le métayage, les locataires ne paient pas un loyer fixe aux propriétaires des terres ; ils leur laissent une part fixe de la récolte, généralement 50 pour cent. « Comme ce système n’impose pas le paiement de coûts fixes, il permet aux exploitants agricoles (métayers) de mieux faire face aux mauvaises récoltes », explique Matthias Kalkuhl, coordinateur de l’étude et chef du groupe de travail Croissance économique et développement humain du MCC. « Selon nos calculs, cela permettrait d’améliorer l’efficience de l’agriculture africaine et, par conséquent, la sécurité alimentaire.

Comparativement à la formule traditionnelle, les métayers ont moins souvent recours à des formes de gestion des risques qui tendent à réduire les rendements. » Ainsi, ils ne négligent pas de fertiliser les terres au prétexte de préserver leurs liquidités, et n’ont pas recours à l’élevage excessif comme mesure de précaution contre les mauvaises récoltes.

Environ 9 600  exploitations agricoles  dans onze pays africain étaient interrogés


Pour apporter des preuves statistiques, les auteurs ont réalisé une étude structurelle extraordinaire sur la période allant de 2002 à 2005. Dans le cadre d’une procédure complexe, environ 9 600 exploitations agricoles types ont ainsi été identifiées dans onze pays africains et ont répondu à des questions concernant leurs situations générales et leurs méthodes agricoles.

L’étude portait également sur l’analyse des données météorologiques historiques relevées dans ces exploitations. « L’hétérogénéité des conditions climatiques est plus forte que jamais dans ce contexte, » souligne Matthias Kalkuhl, chercheur au MCC. « Nous constatons que les faibles niveaux de précipitations favorisent la prévalence du métayage. C’est pourquoi cette question devient une priorité politique. » 

(MCC/wi)

Référence à l’article cité (en anglais) :
Kalkuhl, M., Schwerhoff, G., Waha, K., 2020, Land Tenure, Climate and Risk Management, Ecological Economics

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