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Responsabilité sociétale des entreprises et agenda 2030
C’est en 2000 qu’a été lancée l’initiative du Pacte mondial des Nations unies dans le cadre de laquelle les entreprises s’engagent à mettre en œuvre des principes universels de durabilité et à prendre des mesures en faveur des objectifs des Nations unies. Mais quelle est l’efficacité de cette initiative et quels efforts les entreprises doivent-elles faire pour qu’elle ait un impact durable sur l’équité et le développement ? La Banque de développement KfW s’est penchée sur ces questions lors des entretiens d’experts sur la mondialisation qu’elle a organisés à Berlin à la mi-novembre 2016.
« Nous sommes un chien-guide, pas un chien de garde, » a expliqué Lise Kingo, directrice exécutive du Pacte mondial dont elle présentait le rôle. Aujourd’hui, cette initiative lancée en 2000 par Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies « pour rendre plus crédible la mondialisation », comprend 9 148 entreprises et plus de 4 000 organisations réparties dans 168 pays. En participant, les entreprises s’engagent à respecter dix principes des Nations unies sur l’environnement, les droits du travail, la lutte contre la corruption et les droits humains. Elles sont tenues de déclarer dans une communication officielle sur les progrès (COP) réalisés qu’elles respectent ces principes dans le cadre de leurs activités. À défaut de se conformer à ces exigences, elles sont rejetées du Pacte. « Plus de 5 000 entreprises ont déjà été retirées de la liste, » a déclaré Mme Kingo lors de la réunion.
Le groupe Sekem participe au Pacte mondial depuis 2004. L’idée directrice de l’initiative fondée en Égypte en 1977 (dans l’Égypte ancienne, Sekem voulait dire « vitalité ») est d’établir un lien entre développement économique, développement social et développement culturel. Concrètement, Sekem transforme les zones désertiques en terres fertiles où est pratiquée l’agriculture biodynamique, crée des emplois en amont et en aval, et construit des écoles. Le centre médical, ouvert en 1996, soigne les membres du personnel, les écoliers et la population rurale des environs. Une université a également été fondée.
Avec son slogan « Plug in the world » (connecter le monde), la société Mobisol, dont le siège est à Berlin, offre des systèmes solaires domestiques aux clients africains à faible revenu. Ces systèmes peuvent être installés en une heure et demie et peuvent alimenter des lampes LED, des postes de radio, des téléviseurs et des réfrigérateurs. Ils peuvent également servir à recharger les téléphones portables, donnant par la même occasion aux ménages la possibilité de gérer de petites entreprises. « Nous avons estimé qu’environ 30 pour cent de nos clients tirent un revenu de nos installations, » déclare Joachim Hauschopp, chef des opérations. « En moyenne, cela représente 35 dollars US par mois. » À ce jour, 50 000 systèmes solaires domestiques Mobisol alimentent un peu moins de 300 000 personnes en électricité respectueuse de l’environnement. Le paiement se fait par SMS, et Mobisol offre une option d’achat à tempérament sur 36 mois. L’entreprise a ses propres centres de formation locaux et ses ateliers de réparation créent des emplois et de la valeur ajoutée locale.
Est-ce pour autant qu’il n’y a rien à redire quant à la responsabilité des entreprises ? « Dans notre entreprise, et nous parlons ici de 100 membres du personnel à Berlin et 500 en Afrique, nous contrôlons bien la situation, » assure M. Hauschopp. Le chef des opérations explique toutefois que les chaînes d’approvisionnement sont complexes et que même si elle connaît bien bon nombre de ses fournisseurs asiatiques, cette entreprise de taille moyenne peut difficilement être certaine que les normes environnementales et sociales élevées sont respectées en bout de chaîne. Maximilian Abouleish-Boes, responsable du développement durable chez Sekem, s’inquiète avant tout des obstacles bureaucratiques à surmonter lorsqu’il s’agit d’avoir accès à de nouvelles zones pour créer des terres fertiles dans le désert. « Nous nous demandons pourquoi le gouvernement ne nous offre pas un soutien plus soutenu dans cette tâche si importante, » déclare M. Abouleish-Boes.
Il reste à savoir si les objectifs de développement durable aident les entreprises à atteindre leurs objectifs ambitieux. « Je ne vois pas vraiment de soutien majeur, » déclare M. Abouleish-Boes. Mais il ajoute que les questions pour lesquelles de longues campagnes ont été menées, par exemple la réduction des émissions de dioxyde de carbone dans l’agriculture et la promotion de la restauration des terres plutôt que leur dégradation, sont aujourd’hui mises en avant par les ODD. « Nos activités ont un lien avec un certain nombre d’ODD, par exemple l’accès à l’énergie renouvelable abordable et la promotion de l’éducation, » explique M. Hauschopp. « Je pense que les ODD aident vraiment. Par exemple, aujourd’hui, de nombreux pays africains appliquent une approche entièrement différente en matière d’électrification en choisissant l’alimentation hors réseau dans les zones rurales et en n’appliquant des « stratégies lourdes » que lorsque de grosses quantités d’électricité sont vraiment nécessaires. »
Silvia Richter, rédactrice, Rural 21
Photo: © Ministère fédéral des Affaires étrangères
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