Aichatou Sakho, originaire de Mauritanie, est la plus jeune participante à l'atelier du programme de leadership féminin de cette année.
Photo: © GIZ/Claudia Jordan

Programme de leadership féminin de la GIZ - Unir nos forces pour apprendre les unes des autres

Le programme mondial de renforcement des organisations d’agriculteurs pour un développement agricole durable, mis en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, soutient des organisations d’agriculteurs dans divers pays en Afrique et l’Inde. Ce projet, commandité par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), œuvre en partenariat avec des organisations locales pour renforcer les capacités dans des domaines tels que le développement organisationnel, la formation des formateurs, le lobbying et le plaidoyer, la numérisation, et la promotion des femmes à des postes de direction.

Depuis 2023, le projet mondial soutient spécifiquement le développement des compétences en leadership des femmes dans les organisations agricoles en Afrique. Le programme de leadership féminin est mené sous la houlette de l’Organisation panafricaine des agriculteurs (PAFO), basée à Kigali au Rwanda, en collaboration avec l’Académie Andreas Hermes (Andreas Hermes Akademie, AHA) à Berlin, un établissement de formation de la fédération des agriculteurs allemands (Deutscher Bauernverband, DBV) et de l’association allemande des femmes rurales (Deutscher LandFrauenverband e.V., dlv).

Chaque année, une vingtaine de femmes issues d’organisations agricoles des pays partenaires sont sélectionnées pour suivre une formation approfondie en leadership. Après un premier cycle couronné de succès en 2023, le second cycle a débuté en mai 2024 en Bavière, avec des formations en ligne qui se poursuivront jusqu’à la clôture du programme à Kigali, en novembre 2024.

« Ce programme, spécialement conçu pour les femmes, s’inscrit parfaitement dans les priorités de la coopération au développement féministe du gouvernement fédéral allemand », déclare Ursula Braunewell, présidente du Landfrauenverband Rheinhessen e. V. et première vice-présidente de la dlv. Mme Braunewell ajoute que le programme aura également un effet multiplicateur important. En effet, les femmes qui y participeront pourront transmettre dans leur pays les expériences acquises lors de l'atelier et former de nouveaux réseaux.

Outre ces ateliers annuels, l'AHA, depuis 2016, et la dlv, depuis 2023, mènent également des initiatives indépendantes avec des organisations d'agriculteurs en Ouganda. En collaboration avec la Fédération des jeunes agriculteurs d'Ouganda (UNYFA), la dlv coopère directement avec des agricultrices occupant des postes de direction et s’investit en favorisant les échanges entre agriculteurs ougandais et allemands, à travers des visites mutuelles d'exploitations pour partager leurs expériences.

Programme de leadership féminin 2024 – Partage d’expériences et apprentissage mutuel
 

En mai, lors d’un atelier d’une semaine en Bavière, 20 femmes issues de toute l’Afrique se sont rassemblées pour se préparer à assumer des fonctions de leadership au sein de leurs organisations agricoles. Parmi les sujets clés abordés, le changement climatique, la violence à l’égard des femmes, et les inégalités auxquelles elles font face dans le secteur agricole ont été des préoccupations récurrentes.

Parmi les participantes, Aichatou Sakho, âgée de 26 ans, originaire de Mauritanie, est la plus jeune du groupe. Avec son père, elle cultive du riz et des légumes et est membre de l’Union des agriculteurs maghrébins et nord-africains (UMNAGRI). « Participer à ce programme de leadership est déjà une étape importante pour moi », déclare Aichatou, ajoutant que son père, qui l’a encouragée à s’inscrire, est une source de motivation constante. En plus de son travail agricole, Aichatou s’est récemment lancée dans la vente de mélanges d’épices et envisage de développer une production laitière avec son père et ses frères, une nécessité dans un contexte de changement climatique difficile pour les agriculteurs mauritaniens.

Aichatou Sakho envisage l'avenir avec optimisme. « Je veux devenir une leader et c'est pour cela que je me suis inscrite à ce cours », dit-elle avec détermination. « Bien sûr, cela prendra du temps, mais je souhaite former d’autres femmes et évoluer ensemble pour devenir une dirigeante influente ».

La justice pour les femmes dans l'agriculture est encore loin d'être acquise, comme le souligne Lami Madjedje, présidente du Réseau national des femmes agricultrices du Togo (RENAFAT Centrale) et membre de la ROPPA (Réseau des organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest).

Cultivant du manioc, des céréales, du maïs et du soja dans le centre du Togo, elle souligne les difficultés d’accès aux équipements, à la formation et à la terre pour les femmes. « Louer des tracteurs est possible, mais les infrastructures défaillantes et le manque d’accès aux ressources rendent la tâche particulièrement ardue pour nous », explique-t-elle.

Les routes sont en mauvais état, se plaint-elle, et elle explique qu'avec son organisation, elle s'engage dans des activités de lobbying et s'attaque aux problèmes, même si les femmes ont encore besoin de beaucoup de soutien et de formation, et c'est là que le programme de leadership féminin entre en jeu. « Mon objectif est de partager l'expérience que j'ai acquise en apprenant d'autres femmes venues d'autres pays et d'autres continents », explique Madjedje. « En tant que leader, il est de mon devoir d’intégrer les autres dans nos réseaux pour leur donner accès aux mêmes informations, car c’est ainsi que notre réseau pourra pleinement fonctionner ».

Alors que la promotion 2024 s’achèvera en novembre à Kigali, Ursula Braunewell se réjouit de voir que les anciennes participantes pourront continuer à rester en contact grâce à des groupes de discussion en ligne. « C’est formidable, car nous avons toutes souhaité poursuivre nos échanges après le programme. Cela fonctionne bien et nous permet de continuer à apprendre ensemble, au-delà du projet », conclut-elle.

Auteure : Claudia Jordan, Deutsche Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, Bonn/Eschborn, Allemagne. Contact: Claudia.jordan@giz.de

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