Fleur de cacao visitée par une minuscule guêpe parasite.
Photo: ©Manuel Toledo

Percer le secret des pollinisateurs du cacao

La pollinisation du cacao, produit de base d’importance majeure au niveau mondial, dépend des insectes. Or, l'identité des pollinisateurs du cacao est encore peu connue et il existe d'importantes lacunes de connaissances en ce qui concerne la gestion des pollinisateurs au niveau des paysages et des exploitations.

L'importance des pollinisateurs pour les récoltes, et donc pour la sécurité alimentaire mondiale, est largement reconnue. Cependant, les pollinisateurs spécifiques des principales cultures, comme le cacao, n'ont pas encore été identifiés et de nombreuses questions subsistent quant à la durabilité, la conservation et la gestion des plantations afin d'accroître leurs populations et, avec elles, les services de pollinisation. 

Une équipe de recherche internationale basée dans le centre de Sulawesi, en Indonésie, et dirigée par l'université allemande de Göttingen, a découvert qu'en fait, les fourmis et les mouches – et non pas les moucherons des familles Ceratopogonidae comme on le pensait auparavant - semblent avoir un rôle crucial à jouer. Ils ont également constaté que l’aménagement de paysages favorisant la biodiversité, les litières de feuilles et les arbres fournissant de l'ombre dans les systèmes agroforestiers étaient importants pour accroître les populations de ces minuscules pollinisateurs du cacao. Ces recherches ont été publiées dans la revue Biological Conservation, en mai 2021.

L'équipe, en collaboration avec l'université Tadulako de Palu, en Indonésie, a mené deux essais séparés sur 42 exploitations agroforestières de cacao dans la vallée de Napu, dans le centre de Sulawesi. Les travaux ont consisté à engluer plus de 15 000 fleurs sur plus de 500 arbres sur une période de huit mois et à enregistrer l'identité et l'abondance des visiteurs des fleurs de cacaoyers capturés.

Dans le cadre d’un essai portant sur 18 exploitations, ils ont étudié l'effet de la distance séparant la forêt de l'exploitation et l’effet de la canopée d’arbres d'ombrage sur l'abondance des principaux pollinisateurs présents. Dans le second essai, mené dans 24 exploitations cacaoyères différentes, ils ont mesuré l'effet de la gestion de la litière de feuilles sur les pollinisateurs. Dans les deux essais, ils ont déterminé la quantité de forêts et de surfaces agroforestières entourant les 42 exploitations cacaoyères.

Les fourmis sont les principaux visiteurs de fleurs sur les plants de cacao à Sulawesi


Les chercheurs ont constaté que les fourmis étaient les visiteurs de fleurs les plus courants. Cela a mis en évidence leur potentiel en tant que pollinisateurs, que ce soit directement (en transportant le pollen) ou indirectement (en perturbant les pollinisateurs et en favorisant leur déplacement).

L'étude montre également que la préservation de paysages favorisant la biodiversité, tels que les forêts et les agroforêts, et la promotion de systèmes agroforestiers sont essentielles à la conservation des pollinisateurs. Cela favorise à son tour la pollinisation et la production durable de cacao.

« Nous avons été surpris de ne capturer aucun moucheron de la famille des Ceratopogonidae, alors que ces minuscules moucherons étaient supposés être les principaux pollinisateurs du cacao. Cela confirme que les pollinisateurs du cacao sont plus diversifiés qu'on ne le pensait, mais aussi qu'il y a encore beaucoup à apprendre », a déclaré le Dr Manuel Toledo-Hernández, de l'université de Göttingen et auteur principal de l'étude. « Les initiatives mondiales actuelles en faveur du cacao devraient tenir compte du rôle des habitats favorables à la biodiversité pour la conservation des pollinisateurs, car les services qu’ils rendent constituent une alternative écologique aux engagements actuels visant à combiner rendements élevés et conservation » ont ajouté M. Toledo-Hernández et ses coauteurs, Teja Tscharntke et Thomas C. Wanger.

(Université de Göttingen/wi)

Publication originale :
M. Toledo-Hernández et al,: Landscape and farm-level management for conservation of potential pollinators in Indonesian cocoa agroforests, Biological Conservation (2021). DoI: 10.1016/j.biocon.2021.109106

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