Les herbiers marins absorbent du CO2. Lorsque les plantes meurent, le CO2 est stocké dans les sédiments.
Photo: ©Damsea/Shutterstock

Les herbiers marins absorbent moins de dioxyde de carbone qu’on le croit

Grâce à la réinstallation de prairies sous-marines sur les côtes, de grosses quantités de dioxyde de carbone atmosphérique seront ainsi éliminées pour lutter contre le changement climatique. Mais la lutte contre le changement climatique grâce à la remise en culture de prairies sous-marines n’est pas aussi simple que les experts le pensaient.

Des chercheurs du Helmholtz-Zentrum Hereon déclarent que les herbiers marins ne sont pas une solution miracle pour lutter contre le changement climatique. Selon une étude publiée en décembre 2021, les prairies sous-marines tropicales absorbent, dans certains cas, considérablement moins de dioxyde de carbone qu’on l’a longtemps cru. Les chercheurs font par ailleurs remarquer que, dans certaines conditions, elles peuvent en libérer plus qu’elles n’en absorbent. En fin de compte, l’intérêt de la remise en culture de prairies sous-marines dépend du lieu où elle est effectuée.

L’expression « méthodes du carbone bleu » regroupe la reforestation des mangroves et la régénération des prés salés et des prairies sous-marines. Ces méthodes étaient initialement destinées à assurer la protection côtière et la restauration de précieux écosystèmes. Comme elles sont basées sur la nature, de nombreux chercheurs les considèrent aujourd’hui comme certaines des mesures les plus importantes de lutte contre le changement climatique.  

Les herbiers marins absorbent le CO2 pour développer leur tissu. Lorsque les plantes qui les composent meurent, elles se déposent dans les sédiments des fonds marins. C’est ainsi qu’une partie du dioxyde de carbone atmosphérique initialement absorbé par les plantes est stockée dans les sédiments marins.
 
Mais, selon la nouvelle étude, certains herbiers marins libèrent plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère qu’ils n’en stockent. Cette information surprenante est énormément importante pour déterminer correctement le potentiel réel de protection du climat par les prairies sous-marines. Les chercheurs déclarent que de nombreux processus chimiques se produisant dans les plantes et les sédiments ont, à ce jour, été négligés par les experts lors du calcul de l’absorption du dioxyde de carbone.   

Les mers absorbent une grande quantité de dioxyde de carbone – environ un quart des émissions anthropiques de CO2. Le rôle principal de cet échange entre l’atmosphère et l’océan est joué par des carbonates dissous qui se retrouvent dans la mer en raison de la météorisation des roches. Pour faire simple, disons que les carbonates fixent le dioxyde de carbone atmosphérique qui se retrouve ainsi stocké dans l’eau de mer. Plus l’eau contient de carbonates, plus elle peut absorber de dioxyde de carbone.

Toutefois, dans les eaux chaudes des régions tropicales, ce n’est pas aussi simple. Les processus métaboliques des herbes marines convertissent les carbonates dissous en chaux lorsqu’il fait chaud. Cette chaux se dépose ensuite sur le fond marin. Cela se traduit par une perte de carbonates qui, autrement, fixeraient le dioxyde de carbone. Il en résulte que ces prairies sous-marines ne fixent pratiquement pas de dioxyde de carbone. Les experts expliquent qu’au contraire, elles tendent à en libérer selon divers processus biochimiques.  

Alors que les nations cherchent des moyens d’atteindre leurs objectifs de réduction de carbone en vertu de l’Accord de Paris, les rumeurs de compensation des émissions de CO2 dans le cadre de programmes de « carbone bleu » sont prometteuses pour beaucoup. Cependant, l’auteur principal, le Dr. Bryce Van Dam du Helmholtz-Zentrum Hereon, déclare : « Nous ne pouvons pas compter sur l’effet compensatoire du carbone bleu pour contrebalancer les quantités de CO2 que nous libérons dans l’atmosphère en brûlant des combustibles fossiles. Au contraire, nous devons d’abord réduire les émissions de CO2 puis protéger ces habitats côtiers au nom des nombreux avantages financiers et environnementaux qu’ils nous offrent, et pas forcément toujours en ayant recours à la séquestration du CO2 ».

(Helmholtz-Zentrum Hereon/ile)

Pour en savoir plus, consulter le site web du Helmholtz-Zentrum Hereon (en anglais)

Référence :
Calcification-driven CO2 emissions exceed “Blue Carbon” sequestration in a carbonate seagrass meadow Van Dam et al., Sci. Adv. 7, eabj1372 (2021)

Commentaires sur les nouvelles

Ajoutez un commentaire

×

Le nom est requis!

Indiquez un nom valide

Une adresse e-mail valide est requise!

Indiquez une adresse email valide

Un commentaire est requis!

Google Captcha est obligatoire!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont obligatoires.

Soyez le premier à faire un commentaire