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Le pois d’Angole améliore la fertilité du sol
Au Malawi, le maïs est un aliment de base. C’est la culture vivrière la plus importante du pays et elle est couramment pratiquée par les agriculteurs de subsistance. Malheureusement, les rendements ont tendance à être médiocres dans de nombreuses régions, notamment en raison d’un manque de phosphore et d’azote dans le sol.
À la suite d’une sécheresse dévastatrice en 2005, le gouvernement du Malawi a lancé un programme de fertilisation visant à améliorer les rendements de maïs dans l’ensemble du pays. Après quelques années d’amélioration spectaculaire des rendements, la production de maïs a commencé à stagner puis à décliner. Pour les experts, l’utilisation d’engrais artificiels est inefficace car le phosphore se lie rapidement à des ions métalliques (fer et aluminium, par exemple), si bien que cet élément nutritif n’est plus disponible pour les végétaux.
Une alternative simple mais efficace
Telle était la situation lorsque Gina Garland, étudiante en doctorat à l’EPF suisse de Zürich, a commencé ses travaux pour sa thèse de doctorat. Elle cherchait une solution à long terme visant à résoudre le problème lié à la faible teneur du sol en phosphore. Elle a eu l’idée d’une approche relativement simple et peu coûteuse : changer de mode de culture. Cultiver au moins deux espèces végétales vivrières à proximité immédiate l’un de l’autre – culture intercalaire – améliore la structure du sol, ce qui, par voie de conséquence, a une incidence bénéfique sur la fertilité du sol.
Dans le cadre de son essai sur le terrain, Gina Garland a opté pour la culture mixte du maïs et du pois d’Angole (Cajanus cajan). Cette légumineuse pousse en symbiose avec les rhizobiums : bactéries aérobies ayant la particularité de fixer l’azote atmosphérique, particularité dont bénéficient également les autres végétaux cultivés à proximité. Des études antérieures montrent que le pois d’Angole peut avoir un effet bénéfique sur la teneur du sol en phosphore.
Lors d’essais sur le terrain effectués au Malawi et d’expériences réalisées dans les serres de l’EPF, la chercheuse a démontré qu’en culture intercalaire avec le maïs, le pois d’Angole a une incidence positive sur la structure du sol qui s’est vraiment améliorée dès après la première saison de culture. L’agrégat de sol obtenu retient les nutriments et les empêche de se lier avec les ions métalliques. Pour les végétaux, cela veut dire que le phosphore, notamment, est plus facilement disponible, et pendant plus longtemps. Les échantillons de sol prélevés par Gina Garland dans les polycultures ont fait état de concentrations bien plus fortes de phosphore, et notamment de phosphore organique, que dans les monocultures de maïs.
Plus d’azote pour les pieds de maïs
Il s’est toutefois avéré que la biomasse de maïs n’était pas supérieure à ce qu’elle est lorsque le maïs est cultivé seul. Pour Gina Garland, « cela tient probablement à ce qu’une saison ne suffit pas pour assurer un accroissement notable des rendements ». Mais il reste possible d’améliorer les rendements dans la mesure où on a pu constater que le maïs cultivé en intercalaire absorbe plus d’azote, grâce au pois d’Angole et à ses bactéries ayant la particularité de fixer l’azote. Selon Gina Garland, « ce résultat est très prometteur, car les essais montrent que l’enrichissement du sol en azote se produit très peu de temps après le début de la culture intercalaire ».
Le pois d’Angole présente un autre avantage : il est comestible et permet d’améliorer l’alimentation de la population du Malawi. Comme ses cosses murissent entre deux récoltes de maïs, il permet également d’assurer la soudure. Gina Garland précise par ailleurs que le pois d’Angole est une plante très rustique capable de résister à la sécheresse.
(ETH/wi)
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