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Le changement climatique va réduire la qualité nutritionnelle des cultures de base
Les conséquences du changement climatique sur la sécurité alimentaire auront une incidence sur les rendements agricoles et potentiellement sur la qualité nutritionnelle de cultures de base telles que le haricot commun, la plus importante légumineuse en grain pour l’alimentation et la nutrition humaines à l’échelle mondiale.
Une étude réalisée par des chercheurs de l’université nationale d’Irlande à Galway (NUI Galway) en collaboration avec le Programme de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du CGIAR indique que la qualité nutritionnelle et les rendements du haricot commun vont diminuer en raison de la sécheresse due au changement climatique qui sévira dans le sud-est de l’Afrique d’ici à 2050. Cette étude a été publiée dans la revue Scientific Reports.
Les chercheurs ont eu recours à la modélisation agricole associée à des essais en plein champ et à des expériences moléculaires en laboratoire pour évaluer les rendements et la qualité nutritionnelle du haricot commun. L’analyse par modélisation agricole a montré que dans le sud-est de l’Afrique les superficies actuellement consacrées à la culture du haricot commun seront majoritairement impropres à ce type de culture d’ici à 2050. Les chercheurs ont également démontré une réduction des rendements des variétés de haricot commun disponibles dans le cadre d’essais de plein champ sous conditions climatiques analogues, représentatives des conditions de sécheresse prévues pour plus tard.
L’analyse nutritionnelle des différentes variétés de haricot commun cultivées au niveau de sécheresse prévu dans les scénarios de changement climatique a montré une réduction des niveaux de micronutriments importants pour la santé humaine (par ex. fer) dans toutes les variétés, parallèlement à une augmentation des niveaux de composés antinutritionnels tels que l’acide phytique et le plomb.
Il ressort de l’étude réalisée par l’université NUI Galway et financée par Irish Aid, Science Foundation Ireland (SFI) et le CCAFS, que selon les scénarios de sécheresse due au changement climatique, d’ici à 2050, les portions de haricots auront vraisemblablement une moindre qualité nutritionnelle, ce qui posera des problèmes d’adaptation permanente au changement climatique de la production de haricots en matière de rendements, de qualité nutritionnelle, de santé humaine et de sécurité alimentaire.
Le changement climatique peut gravement réduire la qualité nutritionnelle de nombreuses récoltes
Le directeur des chercheurs de l’étude, le professeur Charles Spillane (directeur de l’institut Ryan à l’université NUI Galway), a dit ceci de la recherche : « Notre étude et des études récentes effectuées par d’autres groupes produisent un ensemble de preuves selon lesquelles, à l’échelle mondiale, le changement climatique va réduire la qualité nutritionnelle de nombreuses cultures de base en raison des effets du réchauffement de la planète, de la réduction des pluies et de l’augmentation des niveaux de CO2 sur la composition nutritionnelle des aliments d’origine végétale qui sous-tendent la sécurité alimentaire et la santé de l’homme à l’échelle mondiale. »
Comme il faudrait des décennies pour élaborer et diffuser de nouvelles variétés agricoles, c’est maintenant qu’il faut massivement investir pour adapter au changement climatique les cultures et systèmes agricoles du monde entier, de sorte que leur rendement et leur qualité nutritionnelle puisse résister aux futurs changements climatiques. Telle est la mise en garde du chercheur.
« Nos résultats soulignent la nécessité d’accélérer l’élaboration et la diffusion par semences de variétés de haricot commun tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, et pouvant maintenir les rendements tout en améliorant la qualité nutritionnelle (par ex. via une biofortification par sélection) dans le cadre de scénarios de changement climatique. »
L’étude a été réalisée par le Malawi et l’Irlande dans le cadre d’une collaboration entre l’université NUI Galway, le CCAFS et le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT). NUI Galway est un des 13 partenaires de recherche stratégique du CCAFS.
(NUI Galway/wi)
Référence :
Hummel M, Hallahan B, Brychkova G, Ramirez-Villegas J, Guwela V, Chataika B, Curley E, McKeown P, Morrison L, Talsma E, Beebe S, Jarvis A, Chirwa R, Spillane C. 2018. Decline in nutritional quality of common bean under climate change induced drought stress in Africa. Scientific Reports 8: 16187. https://doi.org/10.1038/s41598-018-33952-4
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