Programme contre fraude alimentaire

Un test de l’AIEA permet d’identifier le lieu d’origine du miel de manuka du haute-valeur, venant de la Nouvelle-Zélande.
Photo : Shutterstock

L’AIEA lance un projet visant à aider les pays à lutter contre la fraude alimentaire

Pour protéger la qualité et l’appellation géographique des aliments de haute valeur, l’AIEA et la FAO ont élaboré une méthode d’analyse des isotopes stables permettant de vérifier l’authenticité des produits alimentaires de haute qualité.

 L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a lancé un projet de recherche sur cinq ans auquel participent des experts de 16 pays et dont l’objectif est d’affiner les méthodes d’application de techniques dérivées du nucléaire pour contrôler l’exactitude des étiquettes de produits alimentaires. Les résultats du projet, réalisé en coopération avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), aideront les pays à lutter contre la fraude concernant les produits alimentaires de haute valeur tels que le miel, le café et certaines variétés de riz de qualité supérieure.

« De nombreux produits alimentaires sont vendus à prix élevés en raison de leur méthode de production ou de leur origine géographique, » explique Simon Kelly, coordinateur du projet et spécialiste de la sécurité sanitaire des aliments à l’AIEA. « Pour protéger les consommateurs des fraudes et d’éventuels problèmes de sécurité sanitaire des aliments, nous avons besoin de méthodes normalisées permettant de confirmer que le produit présente les caractéristiques revendiquées sur l’étiquette. »

Le projet aidera les pays à appliquer des techniques d’analyse des isotopes stables pour protéger et promouvoir les produits alimentaires à valeur ajoutée, par exemple les produits bio ou les produits ayant des origines géographiques particulières tels que le café Blue Mountain de Jamaïque. La méthode consiste à observer le ratio des isotopes stables dans les éléments – par exemple l’hydrogène, l’oxygène et le carbone – et la concentration d’éléments dans un échantillon du produit. Ces informations permettent d’obtenir une identification unique établissant un lien entre un produit et l’endroit où il est cultivé.

« L’ADN détermine votre filiation mais ne dit pas où vous avez été élevé alors que les isotopes absorbés par un produit alimentaire dans son environnement indiquent leur lieu d’origine, » déclare Russell Frew, professeur de chimie à l’université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, et l’un des experts participant au projet.

Auparavant, Russell Frew a travaillé au laboratoire de protection des aliments et de l’environnement du programme conjoint de la FAO/l’AIEA à Seibersdorf, Autriche, où il a contribué à mettre au point la méthode des isotopes stables servant à tester l’authenticité du miel de manuka. « On dit qu’il se consomme environ six fois plus de miel de manuka qu’il ne s’en produit, » fait-il remarquer. Ce miel, produit à partir du nectar des fleurs de manuka en Nouvelle-Zélande, aurait des propriétés antimicrobiennes naturelles et peut coûter jusqu’à 1 000 dollars néo-zélandais, soit près de 600 euros le kilogramme.

Nives Ogrinc, professeure d’écotechnologie à l’Institut Jozef Stefan, en Slovénie, cherche à utiliser cette méthode pour protéger la qualité et l’appellation géographique des truffes slovènes qui font l’objet d’un commerce lucratif. « La truffe blanche peut se vendre jusqu’à 2 300 euros le kilogramme – elle fait l’objet d’un marché considérable et la fraude n’est pas moins considérable. Nos travaux portent également sur des fruits et légumes tels que les fraises, les cerises et l’ail. »

La fraude met le marché en péril

La fraude constitue un problème croissant dans l’industrie alimentaire. Elle affecte les pays à l’échelle mondiale et nuit aux exportations. Le projet de recherche aidera les pays en développement à améliorer la conformité aux exigences réglementaires et, ainsi, à faciliter le commerce.

L’étiquetage erroné affecte également le riz thaïlandais Hom Mali, variété parfumée de qualité supérieure à long grain représentant de 13 à 18 pour cent des exportations de riz thaïlandais. Ce riz est produit dans les parties nord et nord-est du pays qui offrent une combinaison idéale de sols et de conditions climatiques. « Nous n’avons pas de laboratoire pour effectuer ce type d’analyse ; c’est pourquoi je souhaite apprendre comment appliquer cette méthode, » déclare Wannee Srinuttrakul, chercheuse à l’Institut thaïlandais de technologie nucléaire.

Apprécié pour son arôme et sa faible acidité, le café Blue Mountain de Jamaïque est un des plus chers du monde, ce qui le prédispose à la contrefaçon. « Pour nous, il est vraiment important de protéger notre café, » souligne Leslie Ann Hoo Fung, chercheuse au Centre international des sciences environnementales et nucléaires de Kingston, Jamaïque. « Nous voulons utiliser les techniques nucléaires, par exemple pour différencier le café Blue Mountain du café High Mountain dont les prix sont différents. » La Jamaïque veut également examiner l’applicabilité de la technique à d’autres produits nationaux réputés tels que le cacao et le rhum.

Le projet de recherche de l’AIEA a été lancé en mai dernier et durera cinq ans. Les pays participants sont notamment les suivants : la Chine, le Costa Rica, le Danemark, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, la Jamaïque, le Japon, la Malaisie, le Maroc, le Myanmar, la Nouvelle-Zélande, la Slovénie, l’Espagne, la Thaïlande et l’Uruguay.

L’AIEA, en collaboration avec la FAO, aide ses États membres à utiliser les techniques nucléaires et apparentées pour améliorer la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire des aliments, et la durabilité des pratiques agricoles.

(IAEA / wi)

Plus d’informations :

Site du programme de sécurité sanitaire des aliments de l’AIEA

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