Programme culturel des JED 2016 : ‘The Jumping Village’ présente les conséquences de l’accaparement des terres en Afrique sous la forme d’un spectacle de danse et de musique dans le cadre du projet « Art against poverty » (l’art contre la pauvreté) financé par ACPCultures+.

Programme culturel des JED 2016 : ‘The Jumping Village’ présente les conséquences de l’accaparement des terres en Afrique sous la forme d’un spectacle de danse et de musique dans le cadre du projet « Art against poverty » (l’art contre la pauvreté) financé par ACPCultures+.
Photo: Union européenne

Journées européennes du développement – mise en œuvre des ODD

Cette année, les Journées européennes du développement ont célébré leur dixième anniversaire. Cette manifestation de trois jours organisée à la mi-juin a mis l’accent sur la mise en œuvre de l’agenda 2030 des objectifs de développement durable.

Lors de la dixième édition des Journées européennes du développement organisées à la mi-juin 2016 à Bruxelles/Belgique, un total de 15 thèmes ont été couverts par 120 sessions et de nombreuses manifestations parallèles. Les thèmes étaient consacrés aux cinq « P » sur lesquels les objectifs de développement durable mettent l’accent : Personnes (inégalités / genre / ne laisser personne au bord du chemin), Planète (changement climatique / économie circulaire / lien eau-énergie-aliments), Prospérité (villes inclusives, durables et résilientes / science, technologie et innovation / commerce, croissance et développement durable), Paix (collaboration avec les États fragiles / migration et réfugiés / sociétés inclusives et pacifiques), et Partenariat (moyens de mise en œuvre, garantir la responsabilité / implication du secteur privé).

La conférence a été ouverte par Mme Federica Mogherini, vice-présidente de la Commission européenne, qui a défini le cadre de la manifestation et a déclaré que le produit intérieur de l’Afrique avait plus que doublé au cours des dix dernières années et que depuis le début du nouveau millénaire, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté avait diminué de moitié. En Asie, de nombreuses puissances montantes créent de la richesse et des innovations pour des millions de personnes. L’envers de la médaille est que les inégalités progressent, que l’instabilité est grandissante et que dix millions de personnes sont déplacées, fuyant les zones de guerre ou à la recherche de perspectives d’une vie meilleure. C’est le devoir de l’Europe de faire face à ces menaces, mais Mme Mogherini a ajouté : « Nous avons également l’obligation morale de libérer le potentiel de croissance et de développement du monde. » C’est, selon elle, le meilleur moyen de prévenir de futures crises, et c’est là que l’Agenda du développement durable occupe une place prépondérante.

Le lien eau-énergie-aliments

L’importance fondamentale de la lutte contre le changement climatique pour les perspectives qu’ont les pays de réaliser les ODD a été soulignée dans de nombreuses sessions. À ce sujet, l’importance clé de la ressource Eau a été soulignée maintes et maintes fois. La rareté de l’eau est une source de conflit, mais elle est aussi à l’origine d’efforts de coopération. La discussion a mis en relief des accords de gestion des ressources tels que la création de commissions de gestion des fleuves transfrontaliers et d’outils tels que la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des lacs internationaux (Convention sur l’eau) de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (CEE-ONU).

L’étroite corrélation entre les différents aspects du lien eau-énergie-aliments a été soulignée par l’exemple des barrages hydroélectriques qui servent à gérer l’approvisionnement en eau et à produire de l’électricité.  En ce qui concerne l’énergie, les aspects de financement jouent un rôle majeur. Les participants aux sessions sur le « lien eau-énergie-aliments » ont fait remarquer que si les subventions destinées à encourager le changement ne sont pas mauvaises en soi, les responsables des orientations politiques doivent être conscients de conséquences imprévues.  Ils faisaient allusion à l’exemple du faible prix de l’énergie qui encourage à utiliser les combustibles fossiles. Des solutions de financement novatrices sont également nécessaires relativement aux besoins et aux opportunités en matière d’énergie tout au long des chaînes de valeur agroalimentaires. Cela vaut également pour l’Afrique où on connaît de nombreux exemples de jeunes entreprises entrant sur le marché pour fournir des services énergétiques. Comme les banques locales sont hostiles à la prise de risque et ne soutiennent pas l’économie d’entreprise, il existe un besoin évident d’autres mécanismes de financement ou de systèmes de subventions publiques. Les participants ont également déclaré que de petites injections financières – sous la forme de prêts concessionnels – à taux d’intérêt faible ou nul – permettraient de faire démarrer des entreprises et inciteraient les prêteurs privés à s’engager sur cette voie.

Vers une économie circulaire

L’agenda 2030 pour le développement durable a également pour objectif une économie reposant sur une utilisation rationnelle des ressources. Par exemple, l’Union européenne importe actuellement plus de matières premières qu’elle n’en produit. Le paquet « Économie circulaire » de l’Union européenne, publié en décembre 2015, prévoit de boucler la boucle. Il considère les déchets comme une opportunité et non pas comme un passif, comme l’a expliqué M. Karmenu Vella, commissaire européen en charge de l’Environnement, des Affaires maritimes et de la Pêche au cours de la session « Vers une économie circulaire pour une consommation et une production durables ». On estime que les volumes de déchets mondiaux vont tripler d’ici à 2025, la plupart de ces déchets provenant des pays en développement. Les déchets non gérés, abandonnés dans des décharges, posent de graves problèmes de santé pour la population locale. Selon un rapport récent, d’ici à 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les mers, ce résultat étant à mettre sur le compte de la mauvaise gestion, voire de l’absence de gestion, des décharges. Cette situation devrait créer de bonnes conditions pour la prospérité du secteur du recyclage. Il importe toutefois de considérer que, pour les entreprises, il peut être plus coûteux de recycler que d’utiliser des produits vierges. Les participants à la session ont également fait remarquer qu’il était crucial de collaborer avec la population locale, et surtout avec les récupérateurs de déchets, pour trouver des solutions durables à la gestion des déchets dans les pays émergents et en développement.  

Un exemple positif nous vient d’Afrique du Sud où des millions de pneus usagés sont entassés dans des décharges et des dépôts de déchets. Le gouvernement sud-africain a chargé l’entreprise Redisa de recycler ces pneus et de créer des emplois dans tout le pays. Comme l’a déclaré M. Hermann Erdmann, directeur général de Redisa, après seulement deux années, 2 700 personnes sont actuellement employées par l’entreprise et le nombre de pneus recyclés est aujourd’hui supérieur au nombre de pneus produits. L’entreprise a également investi dans la recherche et le développement pour contribuer à stimuler le marché des pneus usagés. M. Erdmann est convaincu que ce modèle pourrait également être utilisé dans de nombreux autres secteurs. 

Au Sénégal, cinq millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Un jeune entrepreneur social belge, M. Ruben Baumer, a créé une entreprise fournissant des kits solaires à la population locale. Les résidents ont également accès à un financement accordé par une institution de microfinance locale grâce aux opérations bancaires par téléphone portable. Cent familles comptant chacune une dizaine de membres, disposent déjà de kits solaires. Ces résultats prometteurs incitent à voir plus grand mais M. Baumer a fait remarquer que dans de nombreux pays en développement, les entreprises sont relativement peu soutenues et qu’il faut que cela change. Les participants ont été d’accord pour dire que l’éducation, la coopération industrielle et l’appropriation citoyenne sont d’importants facteurs de sensibilisation à l’économie circulaire et de transition à un nouveau modèle de consommation et de production durables.

Comment financer tout cela ?

En ce qui concerne le financement du développement, l’Union européenne ainsi que les agences des États membres placent aujourd’hui leurs espoirs sur un nouvel instrument de financement, le « blending » (mélange), qui associe les subventions de l’UE à des prêts ou prises de participation d’autres sources de financement publiques et privées. L’idée est que les subventions de l’UE servent à attirer un financement supplémentaire pour d’importants investissements dans les pays partenaires de l’UE. C’est également un élément clé du nouveau cadre pour les partenariats de migration que la Commission européenne a annoncé dans la semaine qui a précédé les Journées européennes du développement. Son objectif à long terme est de soutenir le développement des pays tiers et de s’attaquer ainsi aux causes profondes de la migration clandestine. À cette fin, il faut appliquer un mélange de ressources à court terme et d’instruments financiers à long terme pour obtenir des résultats immédiats, mais aussi pour s’attaquer aux moteurs fondamentaux de la migration. À l’automne 2016, la Commission prévoit de proposer un nouveau Fonds dans le cadre d’un plan d’investissement externe, sur le modèle du Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI), afin de mobiliser des investissements dans les pays tiers en développement. Le plan d’investissement externe mettra également l’accent sur une aide ciblée visant à améliorer l’environnement des entreprises dans les pays concernés.

Il reste beaucoup à faire

Dans la session de clôture, M. David Nabarro, conseiller spécial des Nations unies pour le programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté sur le fait que le dixième anniversaire des Journées européennes du développement (JED) permettait de souligner l’importance d’interpréter l’écheveau des 17 objectifs de développement durable (ODD) pour la population mondiale et la planète. Il a déclaré que les JED 2016 ont montré comment ces objectifs concernent tout le monde, partout, ont souligné qu’il est urgent de démarrer leur mise en œuvre dès maintenant, jusqu’en 2030 et au-delà, grâce à des partenariats multilatéraux qui ne laisseraient personne au bord du chemin.

Cependant, des questions cruciales ont également été soulevées. M. Charles Goerens, membre du Parlement européen, s’est dit inquiet car, pour avoir parlé à de nombreux participants à la conférence, il était loin d’être certain qu’un accord sur une définition unique du développement et de la coopération était possible. Il a également ajouté qu’il était déçu de l’attitude de certains États membres de l’UE concernant l’accueil des réfugiés et les efforts à produire pour atteindre l’objectif de 0,7 pour cent fixé pour l’aide. Il a précisé qu’il espérait que le Parlement européen leur demanderait de rendre compte ultérieurement. 

Madame Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, a demandé, d’une part à l’Union européenne de s’attaquer au problème de la perte de recettes due aux paradis fiscaux grâce à une coopération internationale, et d’autre part aux pays en développement de lever des impôts plus progressifs. Elle s’est également interrogée sur la nécessité d’utiliser des fonds publics réservés à l’éradication de la pauvreté pour attirer des investissements privés et sur l’aspect moral de lier l’aide au contrôle des mouvements migratoires. 

Monsieur Hailemariam Desalegn Boshe, premier ministre de l’Éthiopie, a déclaré que les investisseurs européens sont plus hostiles à la prise de risque que leurs homologues asiatiques. De ce fait, des fonds de mutualisation du risque sont indispensables pour attirer des investissements européens permettant de créer les emplois susceptibles de contribuer à éradiquer la pauvreté et de décourager les jeunes de risquer leur vie comme migrants. Il a souligné que le passage de l’aide au commerce et à l’investissement était la politique que l’Afrique souhaitait appliquer. Ses commentaires ont été repris par M. Faustin-Archange Touadéra, président de la République centre-africaine, qui a souligné l’importance de réduire le désir d’émigrer grâce à la création d’emplois.

En clôture de la conférence, M. Neven Mimica, commissaire européen chargé de la coopération internationale et du développement, a souligné que l’Union européenne allait jouer un rôle stratégique proactif en orientant toutes ses politiques vers la réalisation des ODD et en renouvelant  son adhésion à l’Accord de Cotonou. Il a attiré l’attention sur le plan d’investissement externe susmentionné de 3,1 milliards d’euros qui devrait entraîner des investissements pouvant s’élever à 31 milliards d’euros. M. Mimica a déclaré que l’énergie durable, un intérêt particulier étant accordé aux énergies renouvelables et aux mécanismes de financement innovants, continuait d’être la grande priorité de la politique de la Commission européenne, et il a confirmé que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles serait généralisée dans toutes ses actions externes. « Nous nous engageons à faire ce chemin avec vous jusqu’à ce que nous atteignions les ODD », a-t-il déclaré.

(EDD/sri)

Pour en savoir plus

Site des JED

Nouveau cadre pour les partenariats de migration

 

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