Des agents de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) examinent des preuves contre une femme suspectée de braconnage, sous le regard du personnel militaire de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC).
Photo: © UN Photo/Marie Frechon
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Hausse de la criminalité environnementale
La valeur des crimes contre l'environnement a connu une augmentation de 26 pour cent en com-paraison aux estimations précédentes, atteignant un montant situé entre 91 et 258 milliards de dollars aujourd'hui contre 70 à 213 milliards de dollars en 2014, selon le nouveau rapport publié en juin 2016 par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et INTERPOL.
La hausse des crimes contre l'environnement, publié à la veille de la Journée mondiale de l'envi-ronnement (JME), démontre que des lois laxistes et des forces de sécurité souffrant de finance-ments insuffisants donne l'opportunité aux réseaux criminels organisés et à des groupes rebelles armés de s'enrichir grâce à un commerce qui alimente les conflits, dévaste les écosystèmes et menace les espèces sauvages d'extinction.
La quatrième plus grande activité criminelle au monde
La criminalité environnementale surpasse désormais de loin le trafic illégal d'armes légères qui est pourtant évalué à 3 milliards de dollars. Il s'agit de la quatrième activité criminelle la plus combattue au monde après la contrebande de drogues, la contrefaçon, et la traite des êtres hu-mains. Les sommes d'argent perdues en raison des crimes contre l'environnement sont 10 000 fois plus importantes que celles dépensées par les agences internationales pour y remédier à savoir entre 20 et 30 millions de dollars.
Le rapport recommande la prise de dispositions, des législations et des sanctions fortes aux ni-veaux national et international, ainsi que des mesures visant à interrompre les paradis fiscaux, une augmentation du soutien financier en proportion à la menace grave que pose la criminalité environnementale au développement durable, des incitations économiques et des moyens de sub-sistance alternatifs pour les personnes situées en bas de la chaîne de la criminalité environnemen-tale.
Plus d'un quart de la population mondiale d'éléphants décimée en une décennie
La dernière décennie a vu la criminalité environnementale augmenter de 5 à 7 pour cent par an. La criminalité environnementale inclut le commerce illégal de la vie sauvage, la criminalité des entreprises dans le secteur forestier, l'exploitation et la vente illégale de l'or et d'autres minéraux, la pêche illégale, le trafic de déchets dangereux et la fraude de crédit carbone.
Plus d'un quart de la population mondiale d'éléphants a été abattu au cours de la dernière décen-nie. Certaines espèces les plus vulnérables comme les éléphants et les rhinocéros sont tués à un rythme sans précédent qui augmente de plus de 25 pour cent chaque année au cours de ces dix dernières années.
Lien entre la criminalité environnementale et d’autres réseaux criminels
Le rapport se penche également sur la manière dont l'argent généré par l'exploitation des res-sources naturelles finance les groupes rebelles, les réseaux terroristes et les organisations crimi-nelles internationales. Au cours de la dernière décennie, les braconniers ont tué 3 000 éléphants par jour en moyenne en Tanzanie. Cela représente une valeur de 10,5 millions de dollars pour les trafiquants d'ivoire, un montant 5 fois plus important que le budget national consacré à la conser-vation de la vie sauvage.
Groupes criminels organises
Le rapport souligne que les réseaux criminels transnationaux organisés se servent de la criminali-té environnementale afin de blanchir l'argent provenant du trafic de drogue. L'extraction illégale de l'or en Colombie par exemple est désormais considérée comme un des moyens les plus aisés pour blanchir l'argent issu du commerce de drogue national.
Les groupes criminels internationaux sont également impliqués dans le trafic de déchets et pro-duits chimiques dangereux, en se servant d'« étiquetage trompeur » afin d'échapper aux orga-nismes chargés de l'application de la loi. En 2013, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) affirme que le commerce illégal de déchets électroniques en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique est estimé à 3,75 milliards de dollars par an.
Groupes rebelles
Les réseaux criminels liés aux conflits en République démocratique du Congo (RDC) ont consacré environ 2 pour cent de leur revenu pour le financement d'environ 49 groupes rebelles différents. Selon des estimations faites par l'ONU, l'exploitation illégale de ressources naturelles dans l'est de la RDC est évaluée entre 722 et 862 millions de dollars par an.
Exploitation illégale des forêts
La valeur générée par la criminalité liée aux forêts, y compris les crimes industriels et l'exploita-tion illégale des forêts est estimée entre 50 et 152 milliards de dollars par an.
Criminalité en col blanc
Le rapport se penche sur l'augmentation des crimes contre l'environnement perpétrés par des cols blancs, depuis l'utilisation de compagnies écrans dans les paradis fiscaux destinées à blanchir l'argent généré par l'exploitation illégale des forêts jusqu'aux transferts erronés en passant par le piratage et le vol d'identité. Le marché carbone est le marché de produits de base connaissant la plus forte croissance au monde. Les cas de fraude de crédit carbone impliquent des quantités de transferts et des profits qui se chiffrent dans les millions de dollars.
Pour lutter contre le commerce illégal de la vie sauvage, le système des Nations unies et ses par-tenaires ont lancé une campagne intitulée Wild For Life afin de mobiliser des millions de per-sonnes pour agir contre le braconnage et le trafic des produits issus de la vie sauvage.
Pour en savoir plus (en anglais)
Téléchargez la fiche thématique The Rise of Environmental Crime
Téléchargez le rapport The Rise of Environmental Crime
Visitez le site internet de la campagne « Wild For Life Campaign »: Wild For Life campaign
(UNEP/ile)
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