Enfants du Bénin recevant leur repas scolaire.

Enfants du Bénin recevant leur repas scolaire.
Photo: © K. Desmarowitz/Welthungerhilfe

Éradiquer la faim d’ici à 2030 – comment ?

Selon la vision ambitieuse de la communauté internationale des États, dans 15 ans plus personne ne devrait souffrir de la faim. L’ONG allemande Welthungerhilfe a organisé une série de discussions visant à déterminer ce qu’il faut pour faire de cette vision une réalité.

Alors que 2015 tire à sa fin et que la présidence allemande du G7 arrive à son terme, un groupe d’experts internationaux appartenant à des organisations gouvernementales et non gouvernementales s’est réuni à Berlin, Allemagne, au début de novembre, pour évaluer les résultats du sommet du G7 à Elmau, Allemagne, et ceux du sommet des Nations unies à New York, États-Unis, et examiner, avec les participants, l’objectif  d’éradication mondiale de la faim d’ici à 2030.

M. Hans Jessen, journaliste politique et président de la soirée, a ouvert les débats en demandant aux intervenants de faire part de leur évaluation des résultats de la conférence du G7 et des objectifs de développement durable (ODD) récemment adoptés. Le groupe d’experts a convenu qu’il fallait louer ces objectifs pour leur côté ambitieux, mais a fait des réserves quant à l’absence de stratégie pour leur mise en œuvre. Toutefois, Mme Carin Smaller, conseillère en agriculture et en investissements à l’Institut international du développement durable, a fait remarquer l’importance de cet objectif qui, pour la première fois, vise à éradiquer la faim dans le monde et pas seulement la réduire. À son avis, cet objectif peut être atteint d’ici à 2030 car on dispose déjà de l’alimentation nécessaire pour nourrir tous les habitants de la planète, mais ce sont les aspects d’accès et de stabilité qui joueront un rôle décisif. Selon l’indice de la faim dans le monde 2015, la faim a été réduite de 27 pour cent au cours des 15 dernières années, ce qui est de bon augure. Il faudra toutefois redoubler d’effort pour atteindre l’objectif de « faim zéro » d’ici à 2030.

M. Alexander Müller, chercheur à l’Institute for Advanced Sustainability Studies, a indiqué clairement que seuls, les documents ne servaient à rien. Pour atteindre les objectifs ambitieux qui ont été fixés, il faudra l’intervention des donateurs internationaux, le soutien financier des entreprises privées et la coopération des gouvernements nationaux. Une société civile active et libre est également importante pour obliger les gouvernements à rendre compte de leurs actions et s’assurer que les politiques servent les intérêts de l’ensemble de la population, comme l’a fait remarquer M. Ewnetu Mekonnen, responsable de programme à la Welthungerhilfe en Éthiopie. Le Brésil et le Ghana ont été cités en exemples pour avoir déjà mis en vigueur des politiques ambitieuses de réduction de la faim.

Il est clairement ressorti de la discussion avec le groupe d’experts que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte dans la lutte contre la faim. Dans la perspective de la « faim zéro », en Afrique, l’importance de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes est une question qui a été soulevée, tout comme l’a été celle de l’éducation, de la protection des droits de propriété, de la lutte contre le changement climatique, de l’élaboration de stratégies d’adaptation et de réduction de la corruption. Les conflits et l’instabilité politique à l’intérieur des pays ont également été cités comme facteurs essentiels de la faim.

À maintes reprises, le respect des droits fonciers et la protection des petits exploitants agricoles contre les politiques d’accaparement des terres pratiquées par les grandes entreprises internationales  ont été désignés comme un facteur fondamental de renforcement des réseaux locaux de production alimentaire et de la sécurité alimentaire. La réforme du commerce international et la garantie que les petits exploitants agricoles pourront en tirer parti et avoir un accès suffisant aux marchés et aux installations de transformation pour mieux subvenir à leurs besoins ont été un autre thème clé de la discussion.

La soirée s’est achevée par un examen des nouvelles étapes à franchir pour atteindre les objectifs. Mme Heike Henn, du ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement, a souligné qu’il n’existe pas de plan directeur pour éradiquer la faim et que ce résultat ne pouvait être atteint qu’en élaborant des stratégies nationales adaptées aux situations locales. Concernant le G7, le processus de responsabilisation sera vital pour veiller à ce que les déclarations de la conférence de l’été soient suivies d’effets. Le Japon publiera en 2016 le prochain rapport exhaustif sur les engagements du G7. Le processus de suivi des ODD devrait également démarrer en 2016 pour s’assurer que tous les pays sont sur la bonne voie et que toutes les parties prenantes font preuve d’un engagement suffisant. Parmi les autres mesures mentionnées, citons : donner l’exemple en travaillant sur les ODD en Allemagne, créer des partenariats, s’assurer qu’en cas de besoin des mesures de protection telles que les transferts en espèces ou les coupons alimentaires sont en place, et axer les efforts sur les régions les plus vulnérables, par exemple celles qui sont touchées par les guerres. Le groupe d’experts a déclaré que ce n’est qu’alors que tous les pays pourront atteindre l’objectif ambitieux, mais réalisable, d’éradiquer la faim d’ici à 2030.

Fraser Patterson, Welthungerhilfe, Bonn/Allemagne

Pour en savoir plus (en anglais)

 

 

 

 

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