Le changement climatique pourrait affecter la quantité et l’intensité des pluies partout dans le monde.
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D’importantes fluctuations de la pluviométrie pourraient être évitées grâce à des mesures en faveur du climat

D’ici à 2040, le blé, le soja, le riz et le maïs ne recevront plus les mêmes quantités de pluie, même si les objectifs de l’Accord de Paris sur les émissions de gaz à effet de serre sont atteints. Des projections montrent que certaines parties de l’Europe, de l’Afrique, des Amériques et de l’Australie seront plus sèches alors que les régions tropicales et nordiques seront plus humides.

Les émissions de gaz à effet de serre réchauffent l’atmosphère et peuvent avoir un impact considérable sur les profils météorologiques et sur la pluviométrie à l’échelle mondiale. Selon l’Accord de Paris 2015, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une mesure déterminante à appliquer pour atteindre l’objectif fixé : réduire de 1,5 à 2° Celsius l’augmentation des températures moyennes de la planète par rapport à leur niveau de l’ère préindustrielle.

Une équipe internationale de chercheurs a utilisé 20 modèles climatiques différents pour examiner comment le changement climatique pouvait, à l’échelle mondiale, avoir une incidence sur les précipitations. L’équipe a associé ces modèles à des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre pour prévoir l’importance des zones touchées et les délais dans lesquels les changements de précipitations deviendraient détectables et constitueraient la « nouvelle normalité » pour les régions agricoles.  Le délai de détection de ce changement discernable de pluviométrie est ce que les chercheurs appellent le « délai d’émergence ».

Publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, l’étude prévient que jusqu’à 14 pour cent des terres consacrées à la culture du blé, du maïs, du riz et du soja pourraient enregistrer des pluies moins importantes alors que jusqu’à 31 pour cent pourraient au contraire connaître une augmentation des précipitations. Toutefois, dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre, ces pourcentages sont  respectivement de 3 et 1 pour cent.

Les cultures représentent 40 pour cent de l’apport calorique à l’échelle mondiale

Le co-auteur de l’étude, le professeur Andrew J. Challinor, du Centre international Priestley pour le climat, à l’université de Leeds, au Royaume-Uni, a déclaré : «  Il a toujours été difficile de prévoir les changements des régimes pluviométriques et d’expliquer comment les conditions de culture pouvaient évoluer. C’est la première étude qui superpose le délai d’émergence prévu sur les terres cultivées aux saisons de culture. » Le professeur Challinor fait remarquer que le blé, le maïs, le riz et le soja représentent grosso modo 40 pour cent des apports caloriques à l’échelle mondiale, et il explique que les nouvelles conclusions de l’étude montrent que la limitation des  émissions de gaz à effet de serre pourrait contribuer à préserver le régimes pluviométriques qui sont cruciaux pour leur culture.

L’étude montre que les scénarios de faibles émissions ont encore une certaine incidence sur les régimes pluviométriques de certaines régions, mais que plus la quantité de gaz à effet de serre émis est grande, plus le pourcentage de terres connaissant des conditions météorologiques plus sèches est élevé dans les régions agricoles, par exemple dans le sud-ouest de l’Australie et en Afrique australe.

Les chercheurs affirment que les mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques, par exemple ceux qui ont été fixés par l’Accord de Paris, contribueront beaucoup à réduire les risques de sécheresse ou d’inondation et, éventuellement, à éviter une crise alimentaire mondiale.

Selon un scénario de fortes émissions de gaz à effet de serre, en France, en Australie et en Turquie – trois des 15 plus gros producteurs de blé du monde – 26, 28 et 88 pour cent, respectivement, des terres cultivées en blé seraient touchées par une réduction de la pluviométrie. En France et en Turquie, ce pourcentage tombe à zéro avec le scénario d’émissions minimales de gaz à effet de serre, et en Australie, il  tombe à quatre pour cent.

L’Argentine et le Brésil sont les deux plus gros pays producteurs de soja. Selon un scénario de fortes émissions, 70 et 9 pour cent des superficies cultivées en soja, respectivement, connaîtraient des réductions de pluviométrie. Dans les deux cas, ce pourcentage tombe à zéro avec un scénario de faibles émissions.

La Chine et l’Inde sont les deux plus gros pays producteurs de riz du monde et sont parmi les pays dans lesquels une augmentation de la pluviométrie est prévue pour les quatre cultures faisant l’objet de l’étude, même avec un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, en faisant passer les niveaux d’émissions d’élevé à faible, les superficies affectées tomberaient de 11 à 6 pour cent en Chine, et de 80 à 17 pour cent, en Inde.

L’étude montre que sans réductions considérables des émissions de gaz à effet de serre, on pourrait, dès les années 2020, constater une augmentation des précipitations dans les hautes latitudes, notamment en Amérique du Nord et en Europe, alors que dans certaines régions ce phénomène a peut-être déjà commencé en raison du changement climatique.

Dans certaines régions telles que la zone méditerranéenne, l’ouest du Mexique, le Chili, l’Afrique du Sud et l’Australie, on pourrait constater une réduction de la pluviométrie d’ici aux années 2050.

(CIAT / wi)

Référence :

Maisa Rojas, Fabrice Lambert, Julian Ramirez-Villegas, Andrew J. Challinor (2019). “Emergence of robust precipitation changes across crop production areas in the 21st century”; Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

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