- Share this article
- Abonnez-vous à notre newsletter
Des moustiques génétiquement modifiés vont être lâchés dans la nature en Afrique
Des chercheurs du Burkina Faso, du Mali et de l’Ouganda doivent bientôt libérer dans la nature des moustiques génétiquement modifiés. Ce sera la première fois que des animaux génétiquement modifiés seront libérés dans la nature en Afrique. Ces moustiques particuliers ne subiront aucune mutation génétique liée à la transmission du paludisme, mais les chercheurs espèrent que cette mesure, ainsi que les travaux qui l’ont précédée, contribuera à améliorer la façon dont la recherche est perçue et à renforcer la confiance accordée à la science, auprès des législateurs et de la population locale. Elle servira également à fournir des informations pour les futures opérations de ce type.
Des équipes de trois pays africains — le Burkina Faso, le Mali et l’Ouganda — effectuent actuellement les travaux préparatoires à l’éventuelle libération dans la nature de moustiques ayant subi un forçage génétique et porteurs d’une mutation qui entraînerait une réduction considérable et rapide de la population de moustiques. Des moustiques génétiquement modifiés ont déjà été libérés dans des pays tels que le Brésil et les Îles Caïmans, mais jamais encore des animaux génétiquement forcés n’ont été lâchés dans la nature.
Les villageois doivent donner leur consentement à ce lâcher dans la nature
Les chercheurs font remarquer qu’en Afrique, la réussite du projet ne dépend pas uniquement de l’ingénierie génétique. Les populations vivant dans les zones dans lesquelles les moustiques seront lâchés doivent donner leur consentement ; les chercheurs doivent créer des laboratoires et les pourvoir en personnel capable de travailler avec des animaux génétiquement modifiés ; et les législateurs doivent accepter la nouvelle technologie. Le lâcher imminent de ces moustiques dans la nature servira à tester l’ensemble du système.
« Nous examinons tous les autres éléments qui sont aussi importants, sinon plus, que la science elle-même, et qui attendent d’être exécutés dans l’ordre, » a déclaré Philip Welkhoff, directeur du département « paludisme » à la Fondation Bill et Melinda Gates, qui a offert 70 millions de dollars US pour soutenir les équipes de recherche dans les trois pays.
En août, l’autorité nationale de biosécurité du Burkina Faso a autorisé les chercheurs à lâcher dans la nature jusqu’à 10 000 moustiques génétiquement modifiés. Cette information a été donnée par Delphine Thizy, directrice de l’engagement des parties prenantes pour le projet Target Malaria qui coordonne les équipes dans les trois pays africains, en parallèle avec des chercheurs en Angleterre et en Italie.
Abdoulaye Diabaté, chercheur principal au Burkina Faso, explique que contrairement à leurs homologues « génétiquement forcés », ces moustiques ne sont pas censés avoir un impact durable sur la population d’insectes. Ils sont porteurs d’une mutation dite de « stérilité mâle » — c’est-à-dire qu’aucun des moustiques mâles libérés ne pourra se reproduire.
Abdoulaye Diabaté a précisé que presque tous les moustiques seront des mâles et que moins de un pour cent pourront être des femelles — les seuls membres de l’espèce qui piquent. Si une femelle pique un être humain, elle ne lui transmettra pas de matériel génétiquement modifié.
De son côté, Delphine Thizy a déclaré que tous les moustiques génétiquement modifiés qui seront libérés par le groupe seront également moins résistants que les moustiques naturels et qu’ils devraient disparaître en quelques mois seulement.
(Ike Swetzlitz for STAT/wi)
En savoir plus :
Voir également l’article du même auteur consacré au projet de libération dans la nature de moustiques génétiquement modifiés au Burkina Faso :https://www.statnews.com/2017/03/14/malaria-mosquitoes-burkina-faso/
Pour en savoir plus sur le projet « Target Malaria »: targetmalaria.org
l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé: www.ird.fr/les-partenariats/principaux-partenaires-scientifiques/afrique-de-l-ouest-et-centrale/burkina-faso/irss
Ajoutez un commentaire
Soyez le premier à faire un commentaire