Gunther Beger, Wanjira Mathai et Christoph Heinrich (de gauche à droite) en pleine discussion, à Hambourg, Allemagne

Gunther Beger, Wanjira Mathai et Christoph Heinrich (de gauche à droite) en pleine discussion, à Hambourg, Allemagne.
Photo : Lennart Funck / GIZ

Comment les forêts tropicales peuvent contribuer à sauver le climat et à lutter contre la faim

Le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et le World Future Council, invité au dialogue sur l’innovation intitulé « Forests for future – how tropical forests can fight hunger and save the climate » et organisé le 15 août 2019 à Hambourg, Allemagne. Les dialogues sur l’innovation sont une série de manifestations organisées sous l’égide de l’initiative spéciale du BMZ « UN SEUL MONDE sans faim » (SEWOH).

Les incendies qui ravagent l’Amazonie et la Toundra rappellent que la déforestation nette se poursuit et réduit les puits de carbone à l’échelle mondiale en libérant dans l’atmosphère d’énormes quantités de carbone stocké dans les forêts. Et même si, en raison de pratiques agricoles et de stockage inappropriées, le monde gaspille 30 pour cent de ses produits alimentaires avant qu’ils atteignent nos assiettes, la déforestation illégale continue pour dégager des superficies de terre arable.

Les conflits territoriaux entre production alimentaire et conservation des forêts exigent que des mesures soient prises. En 2019, l’Éthiopie a planté 350 millions d’arbres, battant ainsi le record mondial de l’Inde (60 millions en 2017). Malheureusement, ces initiatives ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. La sauvegarde des forêts est une question complexe.

Actuellement, plus de 1,6 milliard de personnes dépendent des ressources forestières. Ces dernières incluent non seulement le bois de construction et de chauffage, mais aussi des ressources non ligneuses utilisées pour l’alimentation humaine et animale et à des fins thérapeutiques. Compte tenu de la croissance démographique, notamment en Afrique, ces ressources vont être soumises à une pression croissante au cours des prochaines décennies.

Dans ce contexte, les participants au dialogue sur l’innovation, à Hambourg, ont examiné la façon d’exploiter durablement les ressources forestières mondiales, de lutter contre la faim et surtout, de sauver notre climat.

Christoph Heinrich, du Fonds mondial pour la nature (WWF), soutient que forêt et biodiversité vont toujours de pair et que 80 pour cent des organismes vivant sur terre se trouvent dans les forêts, dans le sol et la flore sous le couvert des arbres. Il souligne que les ressources sont limitées et que si on continue de les exploiter comme on le fait aujourd’hui, « on ne pourra les protéger qu’en ayant recours aux chaînes d’ADN dans un avenir proche ».

Entre autres services et fonctions écosystémiques, les forêts donnent également de l’ombre et régulent le stockage de l’eau dans les bassins versants. Gunther Beger, du BMZ, explique que grâce aux efforts déployés par le ministère depuis 1993 dans le Tigré, en Éthiopie, il est possible de stopper la dégradation des sols et que ces derniers peuvent être enrichis grâce à des mesures spéciales de protection des sols et de l’eau, ce qui réduit d’autant la pression exercée sur les forêts intactes sur le point d’être défrichées à des fins agricoles. Par ailleurs, a ajouté Gunther Beger, l’utilisation de fours solaires en Éthiopie et ailleurs réduit les besoins de charbon de bois et de bois de chauffage dans les zones rurales.

L’initiative pour la restauration des paysages forestiers africains

L’initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100) est un accord commun de plus de dix pays africains visant à restaurer 100 millions d’hectares des terres du continent d’ici à 2030. Le plus gros problème à surmonter est lié à l’engagement politique, sur une aussi longue période, des chefs d’État susceptibles de changer dans de nombreux pays.  

« Nous devons jouer les premiers rôles et assurer un financement à long terme via le Fonds vert pour le climat et d’autres mesures telles que la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière (REDD), » a déclaré Wanjira Mathai, du mouvement Ceinture verte, Fondation Wangari Maathai, et du Conseil pour l’avenir du monde. « C’est un effort de reforestation coûteux et à long terme, notamment lorsqu’il s’agit de restaurer des zones humides dégradées. Il faut disposer de personnes sur le terrain et créer des opportunités pour les jeunes dans l’environnement forestier – adopter un changement de mentalité face aux mêmes problèmes qui se posent dans l’agriculture. La gestion forestière est également une activité rurale et non pas urbaine ; elle reste, de ce fait, une activité moins attrayante pour les travailleurs.

Au cours de la discussion, Gunther Beger a déclaré que le BMZ mettait deux milliards d’euros par an à la disposition de la conservation des forêts à l’échelle mondiale.

Daniela Böhm, rédactrice en chef, Rural 21, Francfort/Main, Allemagne

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