Eric Solheim (à gauche), Sadhguru et Karin Kemper bavardent lors du Forum. <br/> Photo: © Global Landscapes Forum

Eric Solheim (à gauche), Sadhguru et Karin Kemper bavardent lors du Forum.
Photo: © Global Landscapes Forum

Assurer la pérennité des paysages

En décembre dernier, près d’un millier de personnes se sont réunies à l’occasion du Global Landscapes Forum (forum mondial des paysages), à Bonn, Allemagne, pour discuter de sujets concernant la restauration et l’utilisation durable des paysages.

À l’échelle mondiale, quatre-vingts pour cent de la déforestation est liée à l’agriculture, qui est également responsable de 30 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. L’approche paysagère cherche à aborder, ensemble, les questions de paysage et d’agriculture de manière à trouver des solutions durables d’utilisation des paysages qui profitent à tous ceux qui vivent dedans.  

Le Centre international de recherche sur les forêts (CIFOR) a énoncé dix principes caractérisant l’approche paysagère et abordant des aspects allant de l’apprentissage continu et de la gestion adaptative, à la résilience et au renforcement des capacités des parties prenantes, en passant par les droits et responsabilités de différents acteurs.

Cette approche a été adoptée par de nombreuses organisations et institutions dont plusieurs étaient représentées au Global Landscapes Forum à Bonn, Allemagne, en décembre dernier. Ce forum a donné lieu à des séances plénières et de nombreux ateliers mettant l’accent sur des sujets individuels, ainsi qu’à un large éventail d’événements parallèles.

Robert Nasi a ouvert le Forum en faisant remarquer qu’il offrait une bonne occasion d’examiner l’approche paysagère dans des contextes tels que le changement climatique et le développement durable. Robert Nasi a rappelé que 60 pour cent de la population mondiale vivait dans des régions côtières et a souligné que tout en mettant essentiellement l’accent sur l’agriculture et la sylviculture, l’approche était également importante pour les paysages marins.

Des résultats prometteurs

Eric Solheim, directeur général du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a attiré l’attention sur certains aspects positifs concernant l’environnement en 2017, et notamment sur l’alliance anti-charbon  (Powering Past Coal) lancée par le Canada et le Royaume-Uni lors de la COP23, à Bonn, et visant à abandonner progressivement le charbon. Eric Solheim a fait remarquer que « la Chine parle désormais plus d’environnement que d’économie ».

Des progrès ont également été réalisés en Inde où les paysages sont clairement au centre de changements dans de nombreux domaines. Le Botswana, où la protection de la biodiversité et la création d’un écotourisme dynamique est l’affaire de tous, a donné un bon exemple d’établissement d’un lien entre création d’emplois et préservation des paysages. Tout en reconnaissant l’importance de la création d’entreprises et d’emplois pour « verdir l’économie », Eric Solheim a également souligné la nécessité de sensibiliser les communautés religieuses.

L’aspect négatif de la Révolution verte

Plus tard au cours de la réunion, Eric Solheim a pu discuter avec Sadhguru, fondateur de l’Isha Foundation, organisation sans but lucratif soutenue par plus de neuf millions de bénévoles dans plus de 250 centres à l’échelle mondiale. Sadhguru a déclaré que dans son pays natal, la longueur totale des cours d’eau avait diminué de moitié en 25 ans. Beaucoup ne sont plus que des cours d’eau saisonniers et un certain nombre d’entre eux ne se déversent plus dans la mer. La plupart des cours d’eau indiens sont alimentés par la forêt, et comme il ne pleut en moyenne que 45 jours par an, ils doivent s’en remettre à une végétation substantielle pour stocker l’eau.

Toutefois, selon Sadhguru, au cours de la Révolution verte, de grandes quantités d’arbres ont été abattus au cours des 35 à 40 dernières années. Les précipitations restent les mêmes, mais la majeure partie de l’eau n’est pas stockée. En 1998, les Nations unies ont prédit que 60 pour cent du territoire indien seraient désertifiés d’ici à 2025.

Toujours selon Sadhguru, de plus en plus de personnes plantent actuellement des arbres en Inde. Les organisations s’efforcent de battre les records de plantation d’arbres et environ 160 000 écoles participent à des concours de plantation. Sadhguru a déclaré que la mise en avant des besoins actuels de la population était un élément clé de ces campagnes.

Toutefois, il a été tout aussi important d’obtenir le soutien du gouvernement et plus particulièrement du ministère de l’Économie. Sadhguru a également insisté sur le rôle des arbres dans l’abandon de la culture du riz au profit de l’horticulture le long des cours d’eau, ce qui ne peut qu’encourager les gens, et notamment les enfants, à revenir à leur ancien régime alimentaire riche en fruits.

L’économie de la restauration 

Karin Kemper, directrice principale des pratiques mondiales de l’environnement et des ressources naturelles à la Banque mondiale, s’est penchée sur les aspects plus généraux  de « l’économie de la restauration ». La restauration des paysages peut potentiellement mettre un terme à l’extrême pauvreté tout en stimulant la prospérité commune.

Karin Kemper a fait remarquer que « la dégradation des paysages coûte très cher alors que les gains dus à la restauration des paysages sont énormes. » Karin Kemper a souligné qu’avec l’accroissement de la demande mondiale de bois d’œuvre et d’autres produits forestiers, d’une part, et de l’intérêt pour la gestion des forêts, d’autre part, les perspectives étaient bonnes pour les produits forestiers durables et pour la création de millions d’emplois en soutien de la croissance verte.

Au Ghana, par exemple, grâce à la restauration des paysages, le rendement a été multiplié par huit. L’innovation, l’information et les mesures d’incitation ont joué un rôle primordial dans l’accélération de la restauration des paysages. Il a fallu redoubler d’effort et multiplier les recours à la technologie, tout en faisant appel à de nouveaux modèles associant financement public et financement privé.  

Une plateforme accessible toute l’année

En clôture de la réunion, Robert Nasi a annoncé que près d’un millier de personnes, représentant 103 pays et plus de 80 organisations, étaient venues à Bonn. Il a précisé qu’environ 51 000 avaient suivi les présentations et les débats sur Livestream, et que plus de 21 millions en avaient fait autant sur les réseaux sociaux.

En raison de son succès, le Global Landscapes Forum est devenu une plateforme à laquelle les gouvernements, les chercheurs, les ONG, la société civile et le secteur privé peuvent avoir accès toute l’année. Bonn accueille aujourd’hui le secrétariat du Forum, ainsi que des conférences annuelles.

 

Mike Gardner, journaliste, Bonn/Allemagne

Pour en savoir plus : Site web du Global Landscapes Forum

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